A l’origine, cette activité a tout d’un défi pour Elina Goudeau, jeune femme titulaire d’un bac STAV (science et technologie de l'agronomie et du vivant) au lycée agricole de Dannemarie-sur-Crête et d’un BTS technique et commercial. Car le problème avec le lait de jument, c’est qu’il s’oxyde rapidement. «Grâce aux études réalisées par l’Enil de Mamirolle dès 2009, on a trouvé le moyen d’en conserver les propriétés gustatives et nutritionnelles» précise-t-elle.
Un débouché
pour une filière centenaire
En avril 2017, elle achète trois juments poulinières de race comtoise, avec lesquelles elle entretient désormais une complicité évidente. Faute de soutien financier ou de prêt, elle ne compte que sur son courage et l’appui matériel de ses parents et de ses grands-parents. Ces derniers lui font une place sur leur exploitation de vaches laitières à Trésilley (70). Difficile d’être pionnière et de dépasser certaines barrières psychologiques. «Le cheval, c’est l’animal totem. Pour beaucoup de gens, on ne mange pas sa viande et on ne boit pas son lait !», observe Elina, devenue membre des Jeunes comtois d’avenir. L’association de jeunes éleveurs promeut la race du "Trait comtois" et ses débouchés, à l’heure où l’on célèbre ses 100 ans.
Un produit vertueux
en vente directe
Elle ne nie pas par autant les difficultés de son entreprise. «La lactation ne se fait qu’en présence du poulain et toutes les trois heures, sans quoi la jument se bride !», précise-t-elle. Et à raison de 2 litres de lait par heure, on est bien loin du rendement d’une vache laitière. Mais en appliquant le protocole de pasteurisation et les recettes de l’Enil, adaptées par ses soins, l’éleveuse commence à trouver l’équilibre. Ses produits sont vendus localement autour de Besançon et les consommateurs, d’abord curieux, sont la plupart du temps convaincus. Elle envisage à présent d’agrandir son élevage, à mesure des poulinages, tout en incitant les éleveurs équins à se fédérer. «Je travaille aussi sur un nouveau produit, de type yaourt à boire, confie-t-elle. Comme le lait de jument contient peu de caséine, une protéine que l'on retrouve dans le lait de vache et brebis et qui permet de faire le caillé, cela empêche la fabrication de yaourt solide ou de fromage». Mais c’est aussi ce qui explique les vertus du lait de jument, reconnu comme très digeste et riche en probiotiques… Alors à suivre !
Pauline Moiret-Brasier
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