Finalement, le procès de Scar a bien eu lieu. Le jugement a été rendu le 26 mars dernier au tribunal de grande instance de Besançon et le prévenu a été acquitté. Un procès aussi fictif que l’histoire du «Roi lion». Mais un exercice bien réel, profitable aux étudiants en droit appelés à jouer les rôles de représentant du ministère public et d’avocat de la défense comme à ceux qui étaient venus assister à la séance.
Voir comble la salle d’audience C du TGI est l’un des succès de l’association Portalis, organisatrice de l’initiative. Avoir convaincu le tribunal bisontin de jouer le jeu en est un autre. Outre l’utilisation d’une vraie salle d’audience, les étudiants ont bénéficié de la présence à la fois professionnelle et pédagogique d’Etienne Manteaux, procureur de la République, des avocats Coline Maillard-Salin, Roger Masson et Laurent Mordefroy. Après la tenue du faux procès, ces derniers ont pris le temps d’expliquer, de répondre aux questions, de donner des conseils.
Avoir mené à bien ce projet est un troisième succès, qui revient principalement à Elise Baygin et Daniel Sole y Serra. Les deux jeunes bisontins (26 et 24 ans) sont en master 2, justice, procès et procédures pour l’une, droit des affaires pour l’autre. A la source, une passion d’Elise pour l’éloquence. La jeune femme est lauréate 2018 du
concours d’éloquence Antoine Favre, organisé à Chambéry.
«Là-bas, j’ai vu que des étudiants organisaient un procès fictif. Je me suis dit, pourquoi pas faire la même chose à Besançon ? J’en ai parlé à Daniel, on l’a soumis à l’UFR SJEPG qui nous a soutenus». En lien avec son parcours, elle a voulu centrer l’idée sur le point de vue juridique.
«Il y a le courage et l’honneur de prendre la parole en public. Il y a aussi l’idée que le droit n’a pas de sens si on ne le met pas en pratique. C’est en travaillant sur des cas concrets que l’on comprend, lorsqu’on est étudiant, que tout ce qu’on apprend est lié. Je pense qu’il ne faut pas se contenter de s’arrêter aux cours, mais être dans la pratique». Pour cette première, 2 groupes de 3 étudiants ont planché sur l'affaire Scar accusé de la mort de Mufasa. Parmi eux, Louis-Marie Lutz pour l'accusation, Vincent Stevanovic pour la défense, ont eu le courage et l'honneur de prendre la parole en public.
Du bac pro commerce
à la fac de droit
Pour Elise Baygin, le premier objectif de ce type de procès fictif est d’aider les étudiants, leur donner une plus-value.
«Le bon juriste est moins celui qui connaît par cœur les lois que celui qui sait où aller chercher les solutions et mettre en pratique ses connaissances. De l’extérieur, on pense que les études de droit sont surtout du par cœur. Mais c’est faux, on ne connaît pas toutes les règles et tous les codes. On nous apprend d'abord une méthode de travail».
Finalement, la tenue de ce procès de Scar est à l’image de son parcours : le résultat d’une certaine ténacité.
«Au départ, j’ai fait un bac pro commerce au lycée de la Sainte Famille. Un prof m’a dit qu’il fallait que je me fasse confiance. Alors je suis allée en fac de droit parce que ça m’attirait, mais sans trop savoir où j’allais – de toute façon, quand on arrive en fac de droit, on ne sait pas ce que c’est ! Au départ c’était très dur car je n’avais pas les mêmes outils, les mêmes façons de réviser que les autres. Mais j’ai toujours été très curieuse, très lectrice alors je n’étais pas perdue quand on parlait d’Aristote ou Hobbes en cours». Aujourd’hui, elle pense plutôt s’orienter vers une thèse et l’enseignement universitaire
«car au fil de mes études, je me suis aperçue que le monde de la Justice n’est peut-être pas pour moi. Il faut être capable d’agir, de répondre vite. Je me sens plus passionnée par la doctrine, la recherche, l’aspect pédagogique». En attendant, elle et Daniel espèrent une chose : que l'exercice faux procès qu’ils ont lancé perdure.
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