Son prochain objectif : pouvoir participer aux Jeux paralympiques. Ses performances montrent qu’elle en a la capacité. En 4 présence aux championnats de France,Emeline Piellard a gagné quatre titres, trois en double et un en individuel. Elle a intégré l’équipe de France, participant l’an dernier aux championnats du monde de Poznan. Mais plus que ses résultats, c’est sa volonté qui rend son rêve accessible. Voilà 10 ans qu’elle a découvert l’aviron et depuis, surmonté bien des obstacles pour pouvoir donner le meilleur d’elle-même.
«J’ai découvert ce sport par hasard raconte la jeune doloise. J’habitais tout près d’un club à Crissey. Un jour j’y suis allée faire un tour. Cela m’a plu et c’est rapidement devenu une passion. Rapidement, j’ai voulu m’entraîner dans l’idée de participer à l’équipe de France handisport».
Elle concourt en catégorie «bras-tronc-jambes» selon la terminologie officielle. En équipe de France, elle est en 4 de pointe avec barreur, bateau qui associe 2 filles et 2 garçons, 2 malvoyants et 2 handicapsphysiques. En double, elle est accompagnée par une valide, jusqu’à présent Clémentine Barbier, qui s’est dévouée pour s’entraîner et participer aux compétitions avec elle. «J’aimerais beaucoup la remercier car elle l’a fait uniquement pour m’aider, sans rien avoir à y gagner. On ne pourra sûrement pas continuer car elle devrait partir poursuivre ses études ailleurs. Si je veux continuer à participer aux championnats de France, il faut que je trouve une autre coéquipière comme elle».
Clémentine Barbier fait partie des rares personnes sur qui Emeline Piellard a pu compter. A part ça : une prime de 1000 euros par an du Conseil régional et un temps de travail aménagé à l’Infa (Institut national de formation et d’application), où elle a été embauchée en septembre. Son emploi du temps lui permet de finir à 16 h pour aller s’entraîner.
«En handisport, on n’est pas reconnu sportifs de haut niveau, donc on a peu d’aides. Au niveau de la fédération, on est moins soutenus que les valides» déplore-t-elle. Exemple parmi d’autres, quand elle part en stage, c’est sur ses congés. Cette année, elle doit renoncer aux championnats du monde, alors qu’elle s’était brillamment qualifi ée pour faire partie de l’équipe de France. «J’aurais besoin de 3 mois, ce qui signifi e 3 mois sans travailler. Financièrement, je ne peux pas me le permettre. Je viens de m’installer, de trouver un travail, je ne veux pas risquer de perdre ma place». Elle doit donc renoncer pour cette fois, mais n’abdique pas, prête à continuer à s’entraîner tous les jours après le travail, «parfois jusqu’à 20, 21 h», printemps comme hiver. Car malgré les circonstances, elle ne perd pas de vue son objectif, les jeux de 2012, pour lesquels elle est prête à demander un congé sans solde. Avec une pointe d’amertume : «on se sent moins suivi que les valides, on nous donne moins de moyens». On pourrait presque croire que le mouvement sportif cherche moins à récompenser l’effort et la volonté que la médiatisation…
Le mot de la fi n à l’une de ses supérieures de l’Infa, l’organisme de formation qui l’a embauchée : «elle a vraiment du courage, elle mérite qu’on parle d’elle».
S.P.
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