Des 25 éleveurs de bisons français, 4 se trouvent en Franche-Comté. Un simple hasard semble-t-il. La région possède les atouts adéquats à leur épanouissement, mais beaucoup d'autres sont dans ce cas. « Les bisons s'adaptent à de nombreux climats de - 50 à + 50 sourit Emmanuel Guenot, qui, à 24 ans, est le dernier venu des éleveurs francs-comtois. Mais ici, c'est vrai qu'il y a une période chaude et une froide et de l'herbe en octobre comme au printemps, ce qui leur convient parfaitement ». Ce fils d'agriculteur de Breurey-les-Faverney, en Haute-Saône, a démarré cette activité en 1998, là aussi un peu par hasard. « En fait, confie-t-il, j'ai créé la société «Les Bisons de Bacara», avec deux associés : mon père Claude et Alain Henry, qui est vétérinaire. C'est lui qui m'a parlé de cette activité après avoir rencontré un autre éleveur. Mon père fait de la céréale. Je voulais m'installer, il y avait des terres disponibles mais sur lesquelles on ne pouvait pas mettre de céréales. Et les vaches, ça m'amusait moins. Comme j'avais un stage longue durée à accomplir dans le cadre de mon BTA à l'école d'agriculture de Levier, je l'ai fait chez un éleveur de bison belge et ensuite, on a créé la société» . Ce qui n'est pas allé de soi. L'élevage de bison n'étant pas considéré comme diversification d'activité dans son cas, les quelques subventions reçues - principalement grâce à la Chambre d'agriculture de Haute-Saône - ne couvraient que 8 % de l'investissement. La municipalité n'était pas non plus très favorable à son idée. « Pourtant, on va dans le sens de ce qu'on demande aujourd'hui : sur le plan de l'environnement, on entretient, on arrange un peu les choses puisque l'endroit était en friche aupravant. Et puis on offre quelque chose de différents sans concurrencer d'autres produits, on fait de l'extensif et on a une charte de qualité »
Le bison ne mange que des produits naturels
Aujourd'hui 20 femelles, 2 mâles et quelques veaux du type bison américain des plaines broutent tranquillement l'herbe de Breurey, sur un pré de 20 ha. Pour l'instant, l'élevàge ne rapporte pas d'argent mais il constitue pour les 3 associés une activité d'appoint (Emmanuel est également céréalier). Il a fallu investir, notamment dans une clôture aux normes. Et Emmanuel a souhaité acheter des animaux de qualité, ce qui revient à 14 à 16000 F par tête. Enfin, la vente n'atteint pas des quantités démesurées. « Les conditions de production rendent cette viande chère et les particuliers n'en achètent qu'aux grandes occasion. Il faut cependant signaler qu'elle se cuit comme le boeuf, qu'elle se mange rouge, que c'est une viande tendre, sans choléstérol, ni graisse. Et c'est une viande saine. Le bison est rarement malade et n'accepte de manger que des produits naturels, herbe et foin ».
La complexion de l'animal rend son élevage peu contraignant. « Il y a beaucoup de travail d'installation la première année mais ensuite, les bêtes restent toute l'année dehors, elles vêlent toutes seules. Il faut juste leur apporter du foin régulièrement. A partir d'octobre cela prend 1 h de travail par semaine. Quant à la prophylaxie et aux prises de sang, il faut compter 3 jours par an ». Emmanuel Guenot n'a pas mis longtemps à se passionner pour cet animal, dont il pourrait parler longuement. Aujourd'hui, il est même président de l'association Bisons de France qui regroupe la plupart des éleveurs. Et qui est dynamique : alors que la législation était quasiment inexistante, elle a élaboré elle-même sa propre charte de qualité, garantissant notamment des bisons élevés en plein air de façon extensive et le respect des normes sanitaires.
Stéphane Paris
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