Quelques secondes après la finale mondiale rocambolesque perdue contre les Norvégiennes, sa longue et émouvante étreinte avec Stine Bredal Oftedal, coéquipière à Györ (Hongrie), a connu un joli succès d’audience sur Twitter. Pas certain que cela atténue la déception de Laura, décrite comme « sensible et très engagée dans ce qu’elle fait » par son sélectionneur Olivier Krumbholz.
Mais lorsque, avec un peu de recul, la gardienne des Bleues se retournera sur ce championnat du monde 2021 disputé en Espagne, elle rembobinera son amertume et goûtera la valeur du parcours réalisé. Elle aura ajouté encore une ligne à un palmarès déjà long comme le Nil. Et comme sa binôme du but Cléopâtre Darleux, elle aura composé durant trois semaines un duo ultra performant, qui facilite le coaching : quand l’une pâlit, l’autre pallie, c’est la base.
Au bilan des Bleues, donc, on relève 11 matches maîtrisés, 21 mi-temps réussies… et une ratée en finale face aux Norvégiennes, une seule, mais dans les grandes largeurs. 30 minutes de handball à des hauteurs mésosphériques, puis nuit noire sur les Bleues ! Comment expliquer l’inexplicable, cette subite panne de gaz devant 5 millions de téléspectateurs ? « C’est difficile. En tout cas, elles nous ont asphyxiées et on n’a pas réussi à rebondir. »
Pendant trois semaines, il a fallu bosser très dur et « s’arracher du début jusqu’à la fin » dixit Laura. Le rituel d’une grande compét’ est immuable : match, récup, réunions, prépa du match suivant, et supplément spécial pour les gardiennes avec séances vidéo à gogo, indispensables pour étudier les habitudes des tireuses adverses. « On n’a pas le choix. C’est un travail très affiné avec les personnes du staff qui préparent des montages. » C’est que le métier de gardien de but est singulier, certainement moins physique mais très psychologique : « On est livrées à nous-même à partir du moment où notre défenseuse n’a pas pu intervenir. Il faut rester concernée constamment et savoir passer au prochain ballon sans rester sur le but que l’on a pu prendre. »
Les fêtes pour se ressourcer
Après ces trois semaines de compétition intense, Laura a rejoint sa famille fin décembre, à Soing (70), pour se reposer et profiter des fêtes de fin d’année, avant de retrouver son club. « Malheureusement, je ne reviens pas souvent. Je suis loin, en Hongrie, pendant l’année et quand je suis libre avec le club, je pars avec l’équipe de France. Mais c’est un choix que j’ai fait pour vivre à fond ma carrière... »
En signant à Györ, top club européen, 15 ans après ses débuts au HBC Val de Saône, après trois ans à l’ES Besançon puis une décennie à Metz, elle connaissait la grosse concurrence et en assume la conséquence : un temps de jeu réduit. « C’est un peu difficile parfois mais je savais à quoi m’attendre en venant ici. En France, il n’y a que deux gardiennes. Ici, on est trois. Je continue de travailler dur, de donner le meilleur de moi-même aux entraînements et en match dès que j'en ai l'opportunité. »
Joueuse et maman
Un retour en France est-il envisageable, à Besançon ou à Metz, ses anciens clubs ? « Je ne sais pas. Peut-être un jour. Pour le moment, je vis à fond mon aventure à l’étranger ». Une aventure qu’elle concilie avec une vie de maman épanouie, une vraie particularité dans le milieu du hand. « Je veux consacrer tout mon temps libre à ma fille Kaniela » détaille la détentrice du meilleur pourcentage d'arrêts aux Jeux olympiques de Rio 2016 (41 % soit 45 arrêts pour 109 tirs). « Être maman, cela demande beaucoup d’organisation et oblige à anticiper les choses. En fait, c’est un deuxième sport, même si je suis très accompagnée ! »
Christophe Bidal
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