L’augmentation de la précarité des étudiants est connue. La fréquentation de l’épicerie sociale la Dépanne, à Besançon, vient confirmer les constats de l’observatoire national de la vie étudiante. L’an dernier, près de 300 étudiants l’ont fréquentée (1). L’épicerie a ouvert début 2014. Besançon était alors la dernière ville de plus de 100 000 habitants à ne pas en avoir. Quand on sait qu’il en existe plusieurs dans les grandes villes françaises, on mesure la réalité du problème.
«L’ouverture à Besançon résulte de ce constat ajouté aux difficultés d’accès des étudiants aux autres épiceries sociales parce qu’elles ont moins de disponibilités pour les étudiants et s’orientent vers les familles, mais aussi en raison de leurs horaires. Un étudiant boursier qui rate ses cours peut voir ses aides suspendues» explique Vincent Gayet, président de la Dépanne.
«Aujourd’hui, on ne découvre pas la précarité étudiante analyse-t-il
mais on la voit d’un autre œil. Avant c’était considéré comme normal, temporel, « bohême », voire choisi dans le but d’une amélioration future. Et en même temps, étudiant reste un statut valorisant en contradiction avec la précarité. Mais celle-ci n’a rien de simple, les études montrent qu’elle s’accroît régulièrement. Dans un budget étudiant, le logement et l’alimentaire sont énormes. Certains ne fonctionnent qu’avec ce qu’on leur donne».
Une trentaine
de bénévoles
C’est lorsqu’il était étudiant à l’IRTS que Vincent Gayet a eu, avec d’autres étudiants, l’idée de cette épicerie sociale.
«Nous avons fait des études sur la précarité étudiante. Avec 4 personnes de la promotion nous avons proposé ce projet qui a vu le jour l’an dernier. Aujourd’hui, une trentaine de bénévoles venant de l’IRTS, mais aussi de plus en plus de cursus différents, donnent un coup de main. C’est une dynamique qui s’est fait toute seule, par le bouche à oreille. Nous avons une règle simple : on vient aider comme on peut».
Certains sont des bénéficiaires anciens ou actuels qui apprécient de contribuer à l’entraide. Le rôle des bénévoles : réceptionner les marchandises, les mettre en rayon, préparer la distribution, assurer l’accueil chaque jeudi de 18 h 30 à 21 h, nettoyer la salle. Comme pour 80 associations en Franche-Comté, c’est
la Banque alimentaire qui fournit la Dépanne en denrées alimentaires et produits d’hygiènes.
«Sans la Banque alimentaire, on ne serait rien» tient à remercier Vincent Gayet.
«C'est notre rôle d'aider ce genre d'associations solidaires» confirme Michel Jeannin, chargé de communication de la Banque alimentaire. L’épicerie a également la chance de pouvoir être hébergé pas loin du campus dans les locaux de la Caborde Montrapon et de recevoir divers soutiens de la Ville, du CCAS, de l’Université, du Crous.
Mais il n’y a pas seulement une dimension alimentaire. C’est aussi un moment de rencontres entre étudiants, tous les jeudis soirs. Effectivement, l’ambiance est plutôt chaleureuse.
«Ce volet est très important insiste Vincent Gayet.
Les étudiants rencontrent leurs pairs, aiment se retrouver. On favorise les échanges et la solidarité».
Aujourd’hui Vincent Gayet n’est plus étudiant. Mais il ne souhaite pas partir tant qu’il n’a pas de remplaçant.
«J’ai le souci de la pérennité de l’association. Il serait dommage qu’elle s’arrête». Avis aux amateurs.
S.P.
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