Montbéliard, juin 2024. L’entraînement calé initialement ce jour-là à 14 h 30 a été intelligemment décalé pour éviter la pluie annoncée. Deux heures plus tard, Fanny Peltier, sourire en bandoulière, dispose d’un stade Jacky Boxberger quasi désert pour débuter son échauffement. Plus tard dans la soirée, en fin de séance, elle y croisera, entre autres anonymes venus enchaîner les tours de piste pour le plaisir ou pour garder la forme, une championne d’Europe espoir de javelot, un ancien champion de France du 400 mètres haies et deux participantes au futur marathon olympique pour tous. « Je m’entraîne seule, explique Fanny, j’ai l’habitude. Mon entraîneur Mickaël Hanany(1) vit à El Paso (Texas, Etats-Unis) mais reste en lien permanent avec moi, y compris en cours de séance pour connaître mon ressenti après chaque exercice et rectifier, modifier le contenu si besoin. »
La situation n’est pas banale mais ne semble pas perturber Fanny. « C’est la période la plus facile pour s’entraîner car il ne fait pas froid, les séances sont spécifiques et il y a des grosses échéances à venir. A l’automne, c’est plus compliqué. » Fanny collabore également avec une préparatrice mentale pour mieux appréhender l’attente en chambre d’appel, la respiration, le stress du départ... « L’idée, c’est de ne pas se laisser perturber par les adversaires, les imprévus, un block qui glisse par exemple. On pratique un sport en extérieur, il peut y avoir du vent, de la pluie. Soit on se dit "c’est horrible", soit on se dit "ce n’est pas grave, c’est comme ça pour tout le monde". »
Du 200 au 400
Le 5 mai dernier, aux relais mondiaux de Nassau (Bahamas), les Bleues du 4 X 400m ont gagné, en 3’28’’06, leur billet pour Paris 2024(2). Une expérience incroyable pour la néo Montbéliardaise, arrivée au MBA cette saison pour rejoindre sa mère et son frère cadet, qui vivent sur place depuis quatre ans. « Je suis une globe-trotteuse ! Née à Montpellier, j’ai vécu aux Etats-Unis, en Suède, en Guadeloupe, à Lyon. Là, je fais des allers-retours entre El Paso et Montbéliard, avec quelques séjours à Paris. »
Après avoir souvent connu la blessure, dont une, plus sérieuse que le autres, engendrant un tunnel de sept mois, elle a semble-t-il trouvé un équilibre physique et mental qui lui a permis d’apporter sa pierre à l’édifice en relais. « Je pense que j’ai une belle marge de progression car je ne me consacre au 400 m que depuis l’année dernière, après avoir couru sur 200. A 27 ans, cela me correspond mieux. Je m’épanouis plus, même si c’est plus dur. »
Impressionnante de détermination, Fanny enchaîne méthodiquement les blocs de sprint, les séances de musculation et le travail lactique sans se départir de sa bonne humeur. Elle a échoué à se qualifier pour les JO, mais elle croit en
elle et les soucis chroniques aux tendons d’Achille semblent derrière elle.
Christophe Bidal
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