Malgré la période peu propice de la Covid, Florent Piet a réussi à mener à bien son projet de découverte de techniques alternatives, en particulier dans le domaine du maraîchage, et de modes de vie « à la marge ». Il a dû s’adapter et modifier son idée initiale, renonçant notamment à se rendre à l’étranger, mais il a pu partir du 26 février au 11 juin à vélo à travers la France.
« J’ai monté ce projet pour plusieurs raisons, explique-t-il sur son
blog (1).
D’abord une raison écologique par rapport aux questions qui se posent vis-à-vis du modèle économique actuel. J’ai fait des études d’ingénieur à l’UTBM, en ergonomie, design et ingénierie mécanique avec un double diplôme en écoconception et ces études ne mènent pas forcément à une insertion en rapport avec cette préoccupation écologique. Avant d’entamer une nouvelle vie dans le monde professionnel, je voulais me rendre compte d’autres modes de vie possibles. Et puis c’était aussi un défi sportif et psychologique : étais-je capable de voyager à vélo, seul, en autonomie ? ».
A son retour, après 1200 km, il était plutôt satisfait sur ce point.
« Le vélo permet d’avoir une autre notion du temps, de laisser place à la réflexion. Mais il y a aussi une certaine solitude, des moments où l’on est coupé du monde, et à la fin, c’était assez difficile. Cela dit, pour le woofing, c’est plus simple d’arriver seul ». Son plan initial était de visiter des écovillages. Mais les contraintes de la pandémie l’ont orienté vers le woofing (2).
« Finalement, j’ai pu m’arrêter dans 8 fermes en woofing et un écovillage à côté de Limoges ».
Des gens heureux
Mais le jeune homme de 23 ans originaire de Cusset, dans l’Allier, a principalement conçu ce projet comme un complément à ses études à l’
UTBM, au cours desquelles il a effectué un stage chez Terrateck, fabricant d’outils pour maraîchers.
« Je suis très satisfait de mes études, mais je trouve qu’on pourrait plus s’interroger sur la pertinence des objets que l’on étudie. De manière globale, je suis assez pessimiste sur l’avenir. Les solutions face au problème climatique sont systémiques donc il faudrait des changements de société avant des changements technologiques. Dans mon futur métier, je ne pense pas avoir un impact suffisant, mais je veux faire un métier qui ait du sens par rapport à ça ou au moins qui n’aille pas à l’encontre de mes convictions ».
Son voyage, accompli grâce à des aides du
Clap (3) et de son école lui permettant d'achter vélo et matériel, a confirmé ce souhait.
« J’aime beaucoup l’écoconception et j’aimerais beaucoup, dans un premier temps, chercher des solutions pour faciliter le travail des maraîchers, qui exercent un métier vraiment difficile. Ensuite, peut-être qu’un jour j’aimerais aller vers le low-tech (4) ». Dans son bilan, Florent note surtout
« n’avoir rencontré que des gens heureux ». « Pourtant, ils ont la même vision que moi sur un avenir compliqué. Mais ils vivent avec leurs valeurs, produisent bio, de saison, accordent de l’importance à bien se nourrir. Ils étaient heureux de transmettre et heureux de voir que des jeunes se bougent. Ils aiment accueillir. Je suis parti avec une tente, je ne m’en suis jamais servi. Je me suis rendu vraiment compte à quel point c’est difficile de produire, qui plus est de produire bio et local. Cette expérience m’a grandi. Je sais un peu plus ce que je veux ».
S.P.
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