Qu’est ce qui a été le déclic pour te lancer dans cette passion ? Un film ? Une musique ? Un danseur particulier ?
J’ai vu une création de Mourad Merzouki (un danseur) au théâtre de Vesoul quand j’étais au lycée. Elle s’appelait Boxe boxe, et dans cette représentation il y avait notamment un solo d’un danseur qui s’appelle Teddy Verardo et qui m’a complétement hypnotisé. Et c’est là où je me suis dit : « non mais en fait si tu persévères dans cette discipline tu peux vraiment arriver à faire des trucs comme ça, à suspendre le temps ».
Tu l’as senti en toi et c’est passé d’une passion à ton « gagne-pain » aujourd’hui ?
Oui exactement. C’est totalement en train de devenir mon gagne-pain. Je pratique depuis 2014 donc ça fait 8 ans, mais depuis 2 ou 3 ans j’ai des rentrées d’argent grâce à la danse.
Mais est-ce que c’est une bataille financièrement de vivre de son art ? Est-ce que tu l’as vécu comme une bataille ou comme une chance ? Est-ce que tu t’es donné du mal pour y arriver ?
C’est vrai que c’est un peu une bataille surtout au début je vivais un peu dans l’inconnu même si par la suite je me suis formé en danse dans une école qui s’appelle Studio Harmonic à Paris. Grâce à cette école j’ai appris à danser. Cependant le côté professionnel et économique qui est extérieur à la danse m’était totalement inconnu : comment construire un modèle économique avec la danse, avoir des rentrées d’argent, en vivre quoi. Si on veut devenir complètement danseur, il faut trouver des compagnies, trouver des contrats, ou alors créer sa propre compagnie. Au début tout ça ce n’est vraiment pas facile.
Est-ce que tu as l’impression que la danse est installée à Besançon parce qu’il y a un milieu social qui te permet d’être danseur, d’être accepté en tant que danseur et de rendre ça plus facile à plusieurs plutôt que d’être tout seul à vouloir atteindre un objectif ?
Oui, totalement, je suis venu à Besançon dans cette optique-là, en me disant « j’ai l’impression qu’il y a du potentiel, du monde, un milieu intéressé par ça, qui vit vraiment la danse, mais plus généralement de la culture ». Je trouve qu’à Besançon on ressent vraiment ça, j’ai beaucoup gardé de contacts, même quand j’étais à Paris. Et à mon retour j’ai découvert qu’il y avait vraiment beaucoup de danseurs qui étaient dans la même optique que moi et c’est là qu’on a créé l’association Céphéide en donnant des cours et en faisant des interventions dans différentes structures de Besançon. On peut montrer à la ville de Besançon, à l’administration, aux institutions à quel point on est unis et on forme une équipe mais également qu’on est prêts à se développer, à utiliser les structures de la ville pour se développer. Notre passion peut générer une nouvelle force vive pour collaborer, développer le monde de la culture et faire vivre quelque chose.
D’un point de vue social est ce que tu penses que les compagnies aident la ville ?
Avec l’association Céphéide, on a beaucoup travaillé avec des structures au sein de la ville. Actuellement on travaille beaucoup avec le quartier de Montrapon. On est aussi allé faire des interventions à l’école Champagne à Planoise l’année dernière. Malgré la Covid c’était un des gros projets qu’on a pu maintenir. Le but était de créer un petit spectacle avec les élèves de 4 classes. On a fait également des interventions en maison d’arrêt, avec la protection judiciaire de la jeunesse et avec des associations qui s’occupent des migrants. Donc oui on bosse pas mal avec des institutions locales et c’est vraiment stimulant. On essaie de ramener la danse vers un côté social.
Recueilli par Nasser Ferchichi
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