6 juillet 2020. Ce matin-là, les rues de Franois, commune située dans la périphérie ouest de Besançon, sont agitées par des va-et-vient inhabituels de poids lourds. Venus de Marseille, ils transportent six containers qui ont traversé le monde des années durant, remplis de marchandise. Des grosses boîtes métalliques qui s’apprêtent à entamer leur seconde vie, en devenant la maison de Capucine et Florent.
Du côté des riverains, certains ne sont pas franchement emballés à la vue de ces containers rouges et bleus, alignés sur un terrain de 800 m2 jusqu’à présent enherbé.
« On se croirait au port de Dunkerque », raille l’un. Pas de quoi décourager les tourtereaux originaires de Dole. Ils sont convaincus que leur maison atypique va bien s’inscrire dans le paysage.
Pourquoi avoir opté pour cet habitat, d’ailleurs ? Le duo y voyait plusieurs avantages.
« Le chantier s’annonçait rapide et ne nous obligeait pas à passer par de lourds travaux de maçonnerie, dont je ne suis pas fan », développe Florent, qui travaillait à l’époque en tant qu’agent immobilier et vivait avec Capucine dans un appartement à Besançon. Et d’ajouter :
« Ça a aussi un côté fun. C’est fou de se dire que ces containers, pour certains fabriqués en Chine et à Singapour, ont passé près de quinze ans à être transportés sur des bateaux et se retrouvent finalement chez nous. »
Neuf mois de travaux
Dès la pose des containers, les deux Francs-Comtois se retroussent les manches. Il faut découper des ouvertures, isoler, créer des cloisons, peindre les tôles… Ils y passent tout leur temps libre, aidés par leurs proches.
« Le plus difficile a été la découpe des ouvertures, en plein été, quand il faisait une chaleur monstrueuse dans les containers qui n’étaient pas encore isolés », rembobine Florent, qui avait déjà construit une maison classique par le passé.
Ce qui ajoute du fil à retordre ?
« Comme il y a encore assez peu de maisons de ce type en France, c’est un peu l’école de la débrouille pour trouver des conseils quand on est en difficulté », explique Capucine. Alors, ils vont à la pêche aux infos sur les réseaux sociaux ou regardent ce qui se fait à l’étranger, dans des territoires plus habitués à ce genre de construction, comme les Etats-Unis ou les pays Nordiques.
Neuf mois après l’arrivée des containers, les amoureux emménagent dans cette maison de plain-pied de 145 mètres carrés, avec un toit plat. Les tôles colorées des murs extérieurs ont laissé place à des bardages en bois et en métal blanc. Un autre container attenant a été aménagé en studio, qu’ils mettent en location sur Airbnb.
Un livre sur le chantier
Coût du projet ? La maison et le studio, prêts à être décorés, reviennent à 160.000 euros, soit 1 000 euros du mètre carré, sans compter le prix du terrain (100 000 euros).
« Pile dans l’enveloppe que l’on s’était fixée ! », précisent-ils. Pendant tout le chantier, ces deux amateurs de bricolage et de décoration ont documenté leurs succès, déboires et surprises sur les réseaux sociaux. Et cela a plu. Aujourd’hui, ils sont suivis par plus de 15.000 personnes sur
Instagram. La maison d'édition Rustica, sentant l’intérêt que suscitait leur projet, leur a proposé de sortir un livre, pour raconter chaque étape du chantier. Le couple, enthousiaste, a accepté. Leur livre est paru en avril dernier.
« C’était un sacré boulot qui nous a demandé beaucoup de temps, mais peut-être que cela donnera envie à des gens de sauter le pas », sourient-ils. Car si c’était à refaire, eux n’hésiteraient pas une seconde.
« On est heureux dans cette maison qu’on trouve vraiment confortable, qu’on a pu façonner selon nos besoins et qui a une histoire. » Et alors que le chantier touche à sa fin après la construction d'une piscine, un nouvel arrivant va bientôt s'installer à leurs côtés : Capucine et Florent attendent leur premier enfant.
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