Au bout de la troisième chanson, le public ne peut plus s'empêcher de suivre le rythme avec le corps. Une règle qui s'est confirmée une fois de plus durant le concert qu'Iman a donné au foyer «Les Oiseaux» à Besançon le premier soir du mois de février. Le fait est que la musique de ce groupe possède une espèce de force magique qui attire les gens à se détendre et à se laisser porter, victimes d'une sorte d'hypnose presque comparable à celle provoquée autrefois par le joueur de flûte de Hamelin. «La musique qu'on fait se danse autant qu'elle s'écoute», commente le chanteur de la formation, Nabil Toua. «Le public s'intègre tout de suite au spectacle parce qu'il s'agit d'une mélodie très festive», ajoute le guitariste bisontin Stéphane Olive. La puissance d' Iman vient, en effet, de son brassage. Trois musiciens bisontins dont une guitare basse (Christian Faucoup), une batterie (Jean-Philippe Carmont) et une guitare rythmique (Stéphane Olive) se sont mis à jouer de la musique populaire berbère sous l'influence de l'Algérien Nabil Toua, installé en France pour ses études. Les membres de la formation apportent dans chaque note jouée leur bagage culturel antérieur et leurs préférences musicales. Ainsi, on peut percevoir des influences du jazz et de la percussion. Toutefois, la musique africaine est très prégnante et ce sont nettement les rythmes berbères de Nabil Toua qui ont attiré les autres à son terrain. «Ils n'ont pas eu de problème pour s'adapter à la musique même si la culture leur est lointaine, parce que la musique est quelque chose d'universel», confirme-t-il. Le répertoire est donc fourni fondamentalement grâce au patrimoine berbère.
Tradition et poésie
Ils jouent des chansons traditionnelles à côté de compositions dont la plupart sont des textes poétiques écrits par Nabil Toua, adaptés sur des mélodies connues. Le but est, en définitive, d'exposer la culture à travers la musique. Toutefois, Iman ne se limite pas à reproduire la tradition orale. Il enrichit plus précisément la musique avec un arrangement particulier et très personnel qui lui attribue un côté original. «On essaye de faire une somme d'influences mais sans jamais s'éloigner de notre base», confesse le chanteur qui profite de l'occasion pour expliquer l'origine du nom : «Iman veut dire âme en langue berbère. On a choisi ce nom parce que la notion d'âme renvoit toujours à ce qui est inaliénable. Cela nous sert un peu pour souligner que la culture de base reste toujours là. La langue et la culture berbères sont aussi anciennes que la celtique, l'occitane ou la gauloise. La différence est qu'elle a réussi à survivre et qu'elle est donc vivante».
Iman, est né en mars 1998. Après deux ans de vie, la formation a enregistré un CD et possède un agenda de concerts assez copieux. Ils ont animé plusieurs festivals de musique de quartier ainsi que plusieurs bars de Besançon, notamment la Crèmerie et le Penalty. Ce printemps se présente aussi assez intéressant : le 29 février et le 1er mars, ils feront un concert au Petit théâtre de la Bouloie et le 23 mars ils partageront la scène du Micropolis avec deux grandes stars : Idir et l'Orchestre National de Barbès. «C'est une grande opportunité parce que l'on jouera pour la première fois dans une grande salle devant au moins 2500 personnes !» souligne Nabil Toua avec enthousiasme. Par ailleurs, leur rêve est de pouvoir diffuser leur CD intitulé «Lghourba» («Exil» en langue berbère). «On est en train de chercher des sponsors ou des producteurs qui nous aident dans cette démarche», annonce le leader du groupe.
Marta Repullo I Grau
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