Il mesure 1 m 78 et utilise des spatules de 2 m 60. Plutôt impressionnantes de prime abord. Mais c'est l'équipement qu'il faut pour prétendre sauter sur des tremplins de 90 ou 120 mètres. Jason Lamy Chappuis n'a plus aucune appréhension, lui qui arpente les zones de saut depuis l'âge de 7 ans : "En fait, je me suis mis au combiné nordique (saut+ski de fond) sur l'idée d'un copain de classe qui m'a proposé de sauter sur le tremplin de l'Omnibus aux Rousses. Je me suis lancé car j'étais assez casse-cou quand j'étais petit. Avant ça, je ne savais pas ce que c'était. Je faisais surtout du ski alpin". Pas illogique quand on a des parents moniteurs de ski alpin. Né aux Etats-Unis dans le Colorado en 1986, Jason Lamy Chappuis retrouve le Jura natal de son papa et Bois d'Amont à l'âge de 4 ans. "C'est là que j'ai débuté le ski de fond. Les pistes sont au pied des maisons ici." Licencié rapidement au club de Bois d'Amont, le Jurassien donne pourtant sa priorité au saut et ce "même si je continuais le ski de fond. En fait j'ai tout de suite progressé en saut, je me faisais plaisir. Comme en compétition je n'étais pas trop mal, j'ai eu envie de continuer". Le sacre de Fabrice Guy aux JO d'Albertville 1992 a tout juste "boosté" sa motivation : "Ce n'est pas lui qui m'a fait venir au combiné. J'étais un peu jeune, je le connaissais juste de nom. Par contre, il est devenu mon idole lors de mes premières années de saut." Passionné, le Bois d'Amonier intègre la section sport études du collège des Rousses où il choisit l'option combiné nordique. Il apprend vite et bien : vainqueur du classement général de la coupe de France cadet, 1re coupe d'Europe à 15 ans à Chaux-Neuve : "La 1re fois j'étais impressionné de voir des Allemands, des Autrichiens. Mais ça a bien marché : je finis 22e et 27e". Jason apparaît taillé pour le haut niveau, il rejoint le pôle France de Prémanon et suit des cours par correspondance avec le Cned. Bien sur ses jambes, fort dans sa tête, il décroche son bac S l'année dernière et n'en finit plus de progresser. Coupe du monde B en 2003 "où j'ai tout de suite su m'adapter", stages avec l'équipe de France, Jason Lamy Chappuis n'a pas vraiment perdu de temps : "Tout est allé très vite dès que je suis arrivé dans le groupe B".
Le grand saut, le Jurassien l'effectue en 2004 aux championnats du Monde juniors de Stryn en Norvège. Cinquième, il gagne son ticket pour la fin de saison en coupe du Monde A seniors : "Tu participes à une compétition à laquelle tu rêves quand tu la vois à la télé". Ebloui, il le sera encore plus aux récents mondiaux d'Oberstdorf en Allemagne : "C'étaient mes premiers championnats du Monde seniors et c'était impressionnant : les caméras, la foule… Tout le monde s'accorde à dire que c'étaient de grands mondiaux. Je n'étais pas là bas pour faire une place (33e et 21e) mais pour apprendre". A force de se faire remarquer, Jason Lamy Chappuis est désormais sur la rampe idéale qui mène à Turin et ses JO : "Dans ma tête, Turin, c'était trop tôt. Je ne pensais pas que ça pouvait venir aussi vite. J'ai progressé techniquement c'est vrai mais il me manque encore de la puissance." En attendant l'échéance turinoise, Jason aura tout le loisir de se consacrer cet été aux cours qu'il suit toujours à Prémanon : "Je suis en 1re année de licence de maths. Les sportifs de haut niveau ont six ans pour la passer. Je vais devoir rattraper mon retard de cette année car je n'ai pas vraiment eu le temps de travailler." On le comprendra aisément.
P.B.
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