Après avoir travaillé 6 ans à la boulangerie des Carmes, à Besançon, Jean-Philippe Delorido a ouvert sa propre enseigne dans le quartier bi-sontin de Tarragnoz. «Pour moi, la boulangerie est un métier où il faut s'installer. Je fais beaucoup d'heures, mais je le fais pour moi. Même si je n'ai pas de loisir ou de sortie depuis 6 mois, je sais que je bosse pour quelque chose et dans mon intérêt». Il a pensé reprendre une enseigne pour se raviser après plusieurs visites, se disant qu'il valait mieux créer à son idée. Aidé par le Conseil régional (par l'intermédiaire d'avances remboursables de l'association régionale de développement de l'artisanat), il est également passé par Cré-entreprendre, qui lui assure un suivi pendant 3 ans.
Vocation trouvée sur le tard
Les horaires de travail sont éreintants, mais le métier lui plaît. A 25 ans, alors que «les Saveurs d'autrefois» n'ont ouvert que depuis septembre dernier, le jeune Bisontin imagine déjà la suite, revendre dans 6 ou 7 ans pour monter autre chose. Toujours dans la boulangerie. Une vocation visiblement, mais trouvée sur le tard et par hasard. «J'ai été viré de l'école à 16 ans, je n'aimais pas du tout. J'ai pris la première option qui s'offrait, c'était la pâtisserie. Sans motivation claire. Mais je suis tombé sur des gens qui m'ont vraiment fait aimer le métier. J'ai obtenu le CAP de justesse, parce que je ne faisais rien. Mais après, j'ai vu que cela me plaisait vraiment et pour les autres examens, je me suis retrouvé dans les premiers». Il a suivi sa formation d'apprenti au CFA Hilaire de Chardonnet à Besançon, obtenu après le CAP une mention complémentaire boulangerie et une autre chocolatier. Et laissé tombé le brevet professionnel en septembre dernier, la tête trop occupée par l'ouverture des «Saveurs d'autrefois». Mais est passé entre-temps de cas désespéré à «premier de la classe», alignant les récompenses : meilleur jeune boulanger régional en 2000, 1er prix du savoir-faire du Rotary club de Besançon en 2000, ler prix du concours gourmandises de Baume-les-Dames en 1999...
Il a réellement pris goût au travail bien fait, à l'ancienne, en mettant la main à la pâte. «On peut croire que la boulangerie est répétitive, mais tous les jours c'est différent. Ce n'est jamais la même farine, jamais le même pain. Je continue à apprendre sans cesse. Par exemple, le pain au levain, j'ai appris à la faire ici. L'intérêt d'être à mon compte est que je peux faire ce que je veux, essayer des choses. Même si au final, c'est le client qui décide». «Les Saveurs d'autrefois» comptent 3 employés. Et reçoit actuellement 400 clients par jour. «Au début, j'étais naïf, je croyais que j'allais ouvrir et que les gens allaient venir. Mais il faut de la patience. Les deux premières semaines, j'ai bien dû vieillir de 10 ans ! Maintenant, ça va mieux».
Stéphane Paris
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