Elle est Suisse, vit du côté de Bâle, mais s'entraîne à Besançon, au Club Sauvegarde. Les week-ends ou dès qu'elle a deux ou trois jours de congés, elle revient dans la capitale comtoise. C'est le prix de la reconnaissance, mais aussi de la réussite, dus à celui auquel elle doit beaucoup, Fodé Ndao. Elle l'a rencontré lors de compétitions en Suisse, elle est venue faire un stage, le courant est passé. “C'est une chance de profiter de la personnalité, l'expérience, la compétence d'un vice-champion du monde. Non seulement il pratique un karaté extraordinaire mais en plus c'est un très bon coach, qui voit comment faire pour te faire progresser. C'est lui qui fait que je suis toujours là”.
Plusieurs fois championne de Suisse, Jessica Cargill a obtenu en 2009 une médaille d'or à l'open international de Las Vegas et reste sur deux premières places d'affilée en coupe de France senior. Elle a également fait 7e au championnat d'Europe. Mais à 29 ans, c'est vers l'avenir proche qu'elle regarde. “J'entame une grosse période qui va se terminer en 2011 avec les championnats d'Europe en Suisse, chez moi… Mais auparavant, il y aura ceux de 2010 et Grèce et surtout le championnat du monde en Serbie à la fin de l'année”. Avec ses derniers résultats, elle a de l'ambition. Il en faut pour conjuguer vie professionnelle et sport de haut niveau. Car il n'y a pas de pros en karaté féminin. Diplômée d'une école de commerce, Jessica travaille actuellement chez Hertz et ne manque pas de remercier l'appui donné par son sponsor suisse, Eisberg, dans un français qu'on ne croirait pas appris (elle est passée par le CLA, parle également l'allemand et l'anglais). “La compétition, on y prend goût, on va de l'une à l'autre, on veut gagner et quand on y arrive, on sait que ce n'est pas gratuit. Aujourd'hui, je suis contente de ne jamais avoir lâché. Parce qu'il y a des périodes où on stagne, où il faut se donner, faire des efforts. La réussite vient après, c'est comme dans la vie”.
Mais le karaté ne lui apporte pas seulement des satisfactions sportives. “Il n'y a pas beaucoup de filles dans le karaté et pourtant c'est une discipline qui donne de la confiance en soi, du self control. Elle est moins basée sur la brutalité que sur la vitesse : c'est du semi-contact, il faut travailler vite, de façon explosive, sans faire mal à l'autre. Et puis ce n'est pas seulement un sport mais aussi un état d'esprit basé sur le respect et la discipline”. Avis aux amatrices : “J'ai commencé à 12 ans, un peu par hasard, parce qu'un voisin karatéka m'avait proposé de venir voir. J'y suis allé,cela m'a plu tout de suite. Avant je faisais beaucoup de sport, du basket, du volley, de l'équitation, du judo. J'avais beaucoup d'énergie. Le karaté m'a aidée à me canaliser, à m'équilibrer, à me contrôler”.
Stéphane Paris
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