Il y a à peine plus d’un mois qu’il a gagné le concours et Jonathon Heyward n’en revient toujours pas. Il n’est pas le seul à avoir été étonné : être à 23 ans le plus jeune finaliste, donc loin d’être le plus expérimenté, n’était pas forcément un avantage. Mais le jury présidé par Dennis Russel Davis s’est dit «séduit techniquement et émotionnellement» par le jeune américain. Discuter avec lui laisse comprendre assez vite qu'il est effectivement passionné.
«C’est un ami qui m’a suggéré de m’inscrire. Je n’avais jamais entendu parler du concours avant» annonce le jeune homme aujourd’hui installé à Londres comme pensionnaire de l’Académie royale de musique (il est en master d’arts de direction d’orchestre). «J’ai participé aux présélections à Berlin et je me suis retrouvé parmi les 20 finalistes. Mais à Besançon je ne pensais vraiment pas gagner. Même si j’ai essayé de faire de mon mieux à chaque étape, j’ai été totalement surpris».
Il admet avoir la chance de «trouver la direction d’orchestre naturelle. Du coup ce n’est pas difficile d’étudier et d’apprendre. C’est même un plaisir» dit-il avec enthousiasme. Le concours final, ses 5 épreuves en 5 jours et sa concurrence internationale n’a évidemment pas été si simple. On ne gagne pas par hasard l'événement de ce type le plus réputé au monde. «J’ai travaillé très intensément pendant 3 mois et j’ai vraiment été bien aidé par Sian Edwards, directrice du département chefs d’orchestre à l’Académie royale. Je crois que c’est une des raisons pour laquelle j’ai gagné, même si elle n’a pas pu être présente à Besançon. Le concours lui-même était très très très difficile. Très intense. C’était beaucoup de musique en très peu de temps, avec la nécessité de garder constamment un haut niveau d’énergie. Au bout de la dernière épreuve, j’étais épuisé. Mais j’ai beaucoup appris. Fantastique expérience».
Une étape de plus dans un parcours au bout duquel il espère devenir professionnel. «Dès que j’ai découvert la direction d’orchestre, j’ai vraiment adoré. C’est l’idée de collaboration, de faire de la musique avec les autres qui me plaît». Né à Charleston (Caroline du sud), il n’était pourtant pas dans un environnement familial le prédisposant à la musique classique. Il l’a découverte par lui-même à l’âge de 11 ans et a dès ce moment décidé de s’y orienter. Il a commencé par apprendre le violoncelle, avant d’intégrer le Conservatoire de musique de Boston en 2012. Il y a obtenu une licence en violoncelle, est devenu directeur musical de l’opéra pour enfants, a joué dans divers orchestres en se passionnant également pour l’enseignement, avant de partir pour l’Angleterre. Avant le concours de Besançon, il a déjà démontré son talent en participant en 2013 à la compétition Blue Danube Opera et en devenant chef associé du Hampstead Garden Opera.
Ce passage par Besançon n’est sans doute pas le moindre de son parcours. Outre le grand prix de 12000 euros, une montre Breitling et un trophée réalisé par les élèves ébénistes du lycée St-Joseph, il a gagné un accompagnement de 4 mois par une agence de conseil et des engagements possibles avec de nombreux orchestres.
«Je me rends compte de la notoriété du concours et je pense que cela va m’aider dans ma carrière, que cela pourra me donner du travail dans les années qui viennent. D’autant que l’Europe me semble plus propice pour les jeunes chefs d’orchestre» dit-il avant de citer l’Anglais Simon Rattle en tête de liste de ceux qu’il admire. De Besançon, il n’a qu’un regret : «je n’ai pas eu la moindre minute pour visiter mais le peu que j’ai vu m’a paru très joli. Je pense que je reviendrai pour voir la ville».
Stéphane Paris
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