Le 15 décembre 2018 restera une date marquante dans la vie de Joséphine Pagnier. La jeune sportive a marqué son premier point en coupe du monde de saut à skis féminin. Pas seulement symbolique : marquer un point en coupe du monde ouvre droit à une participation « à vie », à condition de faire partie de sa sélection nationale (1). «On n’avait pas vraiment fixé d’objectif pour elle commente Alex Mougin, l’un des entraîneurs de l’équipe de France. On était plutôt dans l’idée de l’apprentissage, de lui faire prendre de l’expérience. Avec ce résultat, elle a plus que rempli son contrat. C’est plus qu’espéré et c’est très encourageant pour la suite».
Comme Joséphine Pagnier n’a que 16 ans, la suite immédiate a été un beau mois de janvier : elle a gagné les deux concours de la coupe des pays alpins à Schonach (Allemagne) avant de participer aux mondiaux juniors à Lahti en Finlande : 9e en indviduelle au HS 100 et deux 6es places avec les équipes de France féminine et mixte.
De Chaux-Neuve
à Moûtiers
La manche de coupe du monde du 15 décembre se déroulait à Prémanon. Presque à domicile pour Joséphine, originaire de Chaux-Neuve. «Mon père s’occupe du tremplin alors je connais l’environnement du saut à skis depuis toute petite. Vers 6-7 ans, il m’a fait essayer le saut. Dès le premier, j’ai trouvé ça vraiment bien. Mais je ne m’attendais pas à y consacrer ma vie ! Au début, je faisais ça pour le plaisir, pas pour les résultats». Elle pratique également le ski de fond, «mais seulement comme loisir» et la gym qui l’aide à garder la souplesse nécessaire à son sport de prédilection.
Pour elle désormais, beaucoup de choses tournent autour du saut. Pour rejoindre les meilleures françaises, elle a quitté le haut Doubs pour la Savoie et le lycée Croizat à Moûtiers où les sportifs de haut niveau ont des horaires aménagés pour passer le bac en 4 ans. «On est une classe de sportifs avec un emploi du temps qui permet de s’entraîner sans être trop surchargés». Si elle a intégré l’équipe de France B l’an dernier, les changements de vie et une blessure au genou ont mis un frein à sa progression. «C’était normal estime Alex Mougin. Maintenant, elle revient à un niveau intéressant».
Point fort : le vol
En père avisé, Joël Pagnier suit les performances de sa fille : «En grandissant, l’équilibre change de place, alors il faut s’adapter. Elle a des qualités de vol. Comme elle est jeune, ça ne pousse pas trop fort à la table. Mais elle est en train de se muscler, alors ça va venir». Joséphine ajoute l’importance de l’encadrement, des structures, des conditions apportées par l’équipe de France. Elle sait également ce qu’elle doit améliorer. «C’est vrai que la phase où j’ai le plus de mal, c’est la poussée. Il faut faire beaucoup de répétitions au sol. Mon point fort, c’est plutôt le vol».
Descendre une pente de 90 m ou plus à un angle d’environ 35° pour arriver à près de 100 km/h au moment de décoller, avec un petit voile noir au moment de l’envol, garder l’équilibre en l’air, atterrir : l’ensemble a l’air aussi compliqué que fascinant pour les non-pratiquants. «Quand j’étais petite, on ne me donnait pas trop de techniques se souvient Joséphine. On saute plutôt à l’intuition, chacun fait à sa façon puis on corrige au fur et à mesure et des automatismes se créent». Elle ajoute qu’avec la compétition, «il y a un petit stress que j’aime bien». Et si elle regarde comment font les autres, elle ne prend pas de modèle sur le plan technique. «Mais j’aime bien Jason Lamy Chappuis parce que c’est un bon exemple qui vient d’ici. Pendant sa carrière, il parlait beaucoup aux jeunes, restait simple, sans prendre la grosse tête».
Stéphane Paris
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