Le 15 avril, il a dansé place de la Révolution à Besançon, dans la pluie et le vent. Le 17 juin, il a réitéré, cette fois sous le soleil. Une performance solo qu’il a conçue et nommée «E-monde».
«J’ai voulu travailler sur le virtuel, l’accélération du monde et son évolution, avec des musiques de différentes époques, du baroque à Laurie Anderson en passant par René Aubry». A 19 ans, Julian Parache a fait de la danse son mode d’expression, mais aussi de réflexion. «Il y a une thématique, mais qui reste accessible, c’est important pour capter l’attention du public. J’ai d’abord fait ces interventions pour que le public passe un bon moment et voie que la danse peut être simple et pas forcément élitiste. Je trouve que Besançon est une ville propice aux performances de rue. La place de la Révolution, en particulier, semble avoir été faite pour ça. Et puis c’est devant le Conservatoire de Région, pour moi c’est une forme de clin d’œil».
Le Conservatoire de Région, partie d’un parcours déjà riche dédié à la danse depuis qu’il a 11 ans. Il y a passé deux ans, obtenant en 2010 son certificat de fin d’études avec les félicitations. Auparavant, c’est à Rougemont, dans le Doubs, qu’il a découvert ce qui est devenu une passion. «C’était dans une association culturelle avec Emmanuelle Guesdon. Mais j’avais déjà envie de danser. Avant j’ai fait deux ans d’expression corporelle à Villersexel». Dès la deuxième année, Emmanuelle Guesdon l’intègre à sa compagnie, "Elles et danse", et lui permet de se produire sur scène. L’entrée au Conservatoire suit. Et deux ans après, il intègre celui, prestigieux, de Paris. Il y trouve un écrin à sa passion.
"Le danseur comme un poète"
«On n’y travaille pas seulement sur les techniques et les qualités d’interprétation. On s’interroge aussi sur les finalités de la danse». Il croise des professeurs aux noms connus comme Martine Pisani ou Carolyn Carlson, «quelqu’un de très généreux, avec une pêche d’enfer, qui m’a beaucoup appris. Quand on a l’occasion de travailler avec elle, on est sous le choc. C’est quelqu’un qui conçoit la danse comme un poème, le danseur comme un poète et le mouvement comme un vers. Elle a changé ma façon de voir la danse mais aussi d’appréhender ce qui se passe autour de moi».
Ce n’est pas seulement danser qui l’intéresse. C’est aussi la culture de la danse et son rapport à la vie, la réflexion parfois philosophique qu’elle suscite : «quels sont le moteur et la nécessité de la danse ?». Il dit admirer Maurice Béjart «un chorégraphe de référence», Pina Bausch, Sidi Larbi Cherkoui «pour ses thématiques engagées». Il est avide de connaître l’histoire et l’évolution de sa discipline qu’il semble déjà posséder sur le bout des doigts. Cette année, il va s’inscrire en licence sciences du langage. «Je pense qu’il y a des parallèles entre le langage et la danse. J’espère faire aboutir mes études sur des travaux en lien avec elle». Il sera inscrit à Lyon car il a été engagé comme stagiaire pendant 2 ans dans la compagnie de Michel Hallet-Eghayan, le genre de proposition qui ne se refuse pas.
«J’ai été pris sur audition. C’est une opportunité incroyable d’intégrer le milieu professionnel».
Son avenir, il le voit dans la danse. «J’ai eu d’excellents résultats scolaires, mais pour moi c’est secondaire. Cette année, j’ai arrêté les études pour ne faire que de la danse». Et s’il s’inscrit à l’Université, c’est encore avec la danse en tête. «C’est une orientation qui reste ouverte car j’ai toujours l'idée de l’aborder selon plusieurs aspects, sans hiérarchie pour l’instant : la pratique, la création, l’enseignement et la transmission, la recherche». Avant d’ajouter : «Je me sens meilleur en création qu’en pratique car il est difficile de travailler avec les limites de son corps. Mon regard est beaucoup plus affiné que mon corps. Mais tant que mon corps ne dit pas stop, je continue à danser».
Stéphane Paris
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