S’il y a bien une route sur laquelle Julien Bernard aime s’entraîner, c’est celle des Grands crus de Bourgogne, en Côte-d’Or. À domicile. « C’est un endroit que je trouve magnifique, sourit le coureur de 28 ans, installé dans un village traversé par ce parcours, à vingt minutes de Dijon. Entre les vignes et les villages, cette route calme est vraiment agréable. »
Il a commencé à faire du vélo ado, à Nevers, dans la Nièvre, où il a grandi. Enfant, il avait fait du foot pendant cinq ans mais s’en était lassé. Lorsqu’il a annoncé à son père, Jean-François Bernard, qu’il voulait se mettre au cyclisme, ce dernier n’était pas franchement emballé. Cet ancien coureur professionnel était bien placé pour connaître les réalités de ce sport. À son actif : une troisième place au Tour de France en 1987, une victoire du Paris-Nice en 1992, trois victoires d’étape sur la Grande Boucle... « Quand on a vécu une carrière dans le cyclisme avec forcément des déceptions et des sacrifices, je comprends qu’on n’ait pas vraiment envie que son fils vive cela, confie Julien Bernard. Et le vélo est un sport assez dangereux, avec beaucoup d’accidents. »
À 23 ans, il rejoint les pros
Mais le jeune homme aime rouler. Après le lycée, il part à Dijon et rejoint le Sprinter club olympique, où il découvre le haut niveau. En parallèle, il suit des études en Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives). « Je voulais avoir au moins une licence, indique le coureur au tempérament calme. Je voyais ça comme une sorte d’assurance. Car dans le sport, les blessures, les maladies qu'on décèle assez tardivement peuvent ruiner une carrière. Et on n’est jamais sûr que nos efforts portent leurs fruits. »
Sa licence en poche, il décide de se consacrer au cyclisme. « J’avais le sentiment que certains coureurs amateurs s’entraînaient peu et avaient de bons résultats. Moi, je devais beaucoup travailler pour y arriver », explique-t-il avec humilité. Ses efforts payent. Sa performance au Tour de Colorado en 2015, où il arrive 10e, finit par convaincre l’équipe américaine Trek-Segafredo, l’une des plus grosses au monde, de lui proposer un contrat de coureur cycliste professionnel. Il accepte et rejoint, à 23 ans, le monde des pros. Lui qui avant d’intégrer l’équipe n’avait pas de passeport se retrouve à voyager en Australie, aux États-Unis, au Japon, en Chine…
Des leaders de renom
Depuis, Julien Bernard a participé aux courses les plus prestigieuses : le Tour d'Espagne (57e en 2016 et 85e en 2017), le Tour d'Italie (42e en 2017 et 49e en 2020) et le Tour de France (35e en 2018 et 30e en 2019). Avec toujours le même sens du collectif et l’envie d’accompagner son leader d’équipe vers la victoire. Parmi les noms qu’il a servis : Vincenzo Nibali, Alberto Contador, Richie Porte... Sa plus grande fierté ? Avoir participé à la Grande Boucle. « Où qu’on soit dans le monde, quand on dit qu'on est cycliste professionnel, la première question qu'on nous pose c'est si on a fait le Tour de France, relate-t-il. Si on répond que non, aux yeux des gens, on n'est pas un cycliste pro. Quand on le fait, on récupère beaucoup de respect car ils savent que c'est dur, long, avec beaucoup de souffrances. »
Un premier confinement compliqué
Quid de cette année marquée par la crise sanitaire ? Le coureur raconte que le confinement a été le moment le plus difficile de sa carrière. Privé de sorties à vélo, il a avalé les kilomètres sur son home-trainer, appareil qui permet de faire du vélo à la maison. « Quand on a l'habitude de s'entraîner au grand air tous les jours, on ressent un manque énorme. À cela s’ajoutait l’incertitude sur la reprise de la compétition. »
Mais il accepte sans broncher les directives gouvernementales, bien au fait des difficultés que rencontre le corps médical. En effet, sa mère est manipulatrice radiologiste et s'occupe souvent de patients atteints de la Covid-19 pour effectuer des radios des poumons, et sa sœur, infirmière en polyclinique. De nouveau confiné, il a mieux vécu cet acte 2. Car cette fois, les cyclistes pros ont eu le droit de s'entraîner en extérieur. L'athlète a un objectif : rester un élément incontournable dans son équipe. Et garde, dans un coin de la tête, un rêve : « Gagner une étape sur le Tour de France, l’apogée d’une carrière. »
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