Détermination, volonté, envie : des qualités qui font souvent la différence chez les sportifs de haut niveau. Ce n’est pas de ce côté que l’on trouvera une faiblesse chez Khedafi Djelkhir. A peine 2 mois après avoir ramené l’argent des Jeux olympiques en catégorie poids plume, il n’est pas à se reposer sur ses lauriers. Même si son parcours des dernières années aurait pu lui donner envie de respirer. “J’ai besoin de retrouver les gants, la salle” dit-il.
Repartir, rebondir, telle est sa principale préoccupation. Du bilan très positif de ses Jeux, sa première phrase est : “J’ai beaucoup appris de la défaite en finale”. Une manière de se projeter vers l’avenir, avant de revenir rapidement sur ce passé proche : “cela a été une merveilleuse aventure, la somme de plusieurs années de travail. J’ai aussi vécu le bonheur d’avoir fait plaisir à pas mal de gens, ma famille, mon entourage, mais aussi les Bisontins, les Francs-Comtois, les Français qui m’ont encouragé”.
Aujourd’hui, il est surtout tourné vers une autre aventure, la boxe pro. Toujours avec l’envie de poursuivre sa progression. «Je me pose beaucoup de questions, mais je ne me mets pas le doute». Il sait où il veut aller, mais le fait sans se précipiter, de façon mûrie : “J’ai appris la communication, je suis en négociation avec des promoteurs. J’espèr pouvoir faire un combat d’ici début 2009. En amateur, je boxais 30 fois dans l’année et là ce sera au maximum 6 combats. Je sais que j’entre dans un autre monde où il y a des coups bas mais je me protège beaucoup. On me dit, "ça va être dur, il y a des renards» mais des renards, il y en a partout. Simplement, quand on travaille avec les bonnes personnes, cela se passe bien”.
Il ne se lance pas seul puisque Mehdi Souli, autre boxeur du Besançon ring athlétique doit suivre le même tracé. “On sait que ça va être difficile, mais on a un rêve, être un jour champion du monde. J’ai envie de me fixer ce genre d’objectifs. Avant, quand j’évoquais les Jeux, les gens rigolaient et aujourd’hui, je suis médaillé d’argent. Et j’ai toujours le même entraîneur”.
Wahib Nasri, l’homme qui le suit depuis 12 ans a pu se rendre compte d’entrée de la ténacité du jeune boxeur. Khedafi Djelkhir ne manque pas de rendre hommage à cet homme qui l’a amené à la boxe.
“C’est l’ami de mon frère. Quand j’avais 11 ans, il allait chercher les jeunes du quartier pour faire de la boxe. Je me suis alors partagé entre deux passions, le foot et la boxe. Mais j’étais surnommé «le touriste» car je quittais souvent la salle pour aller au foot. Et puis un jour, j’ai mis les gants face à un boxeur plus confirmé. Il m’a mis un KO au foie. Avec mon ego, ma fierté, je suis revenu le lendemain. Nouveau KO. Mais j’ai continué à revenir en espérant prendre ma revanche. Quand c’est arrivé, j’avais croqué à la boxe. J’ai laissé tomber le foot”. Mais il est resté fidèle à Wahib Nasri. “Il n’a pas eu la chance d’avoir un bon encadrement alors il a décidé très tôt d’aider les jeunes, par passion. Il nous emmenait à ses frais. Il venait me chercher chez moi pour aller courir, les jours fériés ou après l’école. Avec le recul, je considère que c’est le seul vrai bénévole de la ville. Aujourd’hui, on a créé notre assoce, le Besançon ring athlétique et on espère en faire un gros club à Besançon pour aider les jeunes qui en ont besoin”.
S'impliquer auprès
des jeunes
Fidèle, Khedafi n’envisage pas de passer pro autrement qu’avec son entourage, son club, une équipe avec qui il a l’habitude de travailler. Et sans forcément s’éloigner de Besançon. “Cela va dépendre de pas mal de choses, mais on peut très bien être pro à Besançon. On n’est pas non plus obligé d’aller vers le côté «show biz». En tous cas, ce n’est pas trop mon cas, je ne suis pas quelqu’un de la “night” comme on dit. Ma nature est plus de rester tranquillement à la maison devant un bon film. Ce qui m’importe c’est de prendre un maximum de plaisir dans la boxe en ayant une stabilité dans la vie de tous les jours”.
Mais autre chose lui tient visiblement à coeur, l’implication auprès des jeunes. “Je le fais par passion et parce qu’au début de ma carrière je suis aussi tombé sur des gens malhonnêtes qui ont freiné ma progression en m’empêchant d’avoir du bon matériel ou d’aller en compétition”. Profession Sport 25, avec qui il travaille, ou les écoliers qui l’ont vu arriver dans leur classe avant sa demi-finale de championnat de France à Besançon peuvent témoigner de cet investissement. “Je me suis construit à travers le sport. Si je peux transmettre le flambeau, apporter quelque chose aux jeunes ou à d’autres, cela me fait plaisir. Il y a une histoire de la boxe à Besançon, mais je pense qu’à un moment, certains anciens n’ont pas fait le relais. De toutes façons, quel que soit le sportif, je pense que l’on a un rôle à jouer dans la transmission, l’encadrement. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui, parce que je suis médiatisé, mais je le faisais déjà avant”.
Il possède un brevet d’Etat (BE1) et un Bejeps. Sur son site, il évoque des objectifs éducatifs ambitieux, le développement de la boxe à tous les niveaux (aussi bien dans sa dimension sportive que dans celle d’un loisir), l’idée de créer un pôle espoirs. Dans ce domaine comme pour sa carrière, il est résolument tourné vers l’avenir. Finalement, au bout de la conversation, ne perce chez lui qu’un seul regret : “même si j’en ai souvent envie, je ne peux plus jouer au foot : je n’ai pas le droit de me blesser”.
Stéphane Paris
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