Il représentait l’une des bonnes chances de médaille française aux Jeux olympiques de Rio et il n’a pas failli. A 27 ans, Jean-Charles Valladont a remporté l’une des 18 médailles d’argent de l’équipe de France. Sans pour autant ressentir de pression particulière.
«D’abord parce qu’on a eu nos quotas assez tard et que j’ai su que j’allais aux Jeux peu de temps avant (1). Pendant les sélections en janvier, je n’étais pas à la hauteur. Une fois à Rio, je me suis dit : "si tu es là, c’est que tu as le potentiel, donc c’est possible. Fais-toi plaisir, c’est le meilleur moyen d’aller loin"».
En 2016, Jean-Charles Valladont est allé loin : champion d’Europe en mai, 2e aux JO en août, médaillé de bronze aux championnats du monde en campagne en octobre. Et il a encore du temps pour faire mieux, même s’il affirme n’avoir jamais rien planifié. Son moteur principal, le plaisir.
«Je ne gagne pas l’argent d’un joueur de foot. Je pratique le tir à l’arc essentiellement parce que j’aime ça. Quand ce ne sera plus le cas, j’arrêterai. Je n’ai pas d’autre frein, ni de date. Même si j’aimerais faire encore une ou deux olympiades, surtout si c’est à Paris en 2024 (2)». Comme pour quantité d’autres disciplines, les Jeux offrent au tir à l’arc une fenêtre inestimable.
«La couverture médiatique est énorme, les audiences incomparables. En plus, j’ai été médaillé le même jour que Teddy Riner. Tout le monde suivait ça, beaucoup de gens ont découvert la discipline». Les Jeux lui tiennent d’autant plus à cœur qu’ils représentent une des étapes cruciales dans son parcours.
«Ce qui m’a vraiment donné l’envie de continuer, ce sont mes premiers Jeux en 2008 à Pékin. J’avais 18 ans, le fait de participer était déjà une victoire en soi, mais ça m’a vraiment motivé pour essayer d’aller plus loin».
Torpes,
petit club irréductible
C’était 9 ans après ses débuts au club de Torpes, voisin de son village d’origine, Boussières.
«Avant, j’avais essayé le hand, l’escalade, l’escrime, le foot. J’y suis allé par curiosité, parce que j’avais entendu parler du club et de Jocelyn De Grandis qui avait fait les Jeux. Mon premier entraîneur, c’était son père, Pascal De Grandis. Je suis entré dans une dynamique et un état d’esprit qui m’ont plu. C'était sympa, convivial. Le mercredi soir, on allait à la pêche ensemble».
Ses années à Torpes représentent un grand souvenir. Quand il en parle, ses premières pensées vont à Henri Machurey, son ami rugbyman décédé cet été, qui faisait alors partie du club. Jean-Charles Valladont se souvient de cette période avec émotion.
«Il y avait un esprit fort, on était une bande de copains. On était le plus petit club de D1 et on a été champions de France, champions d’Europe. Pendant 5 ou 6 ans, on a été intouchables. Le petit club irréductible. Par rapport à nos moyens réduits, les gens ne comprenaient pas. On allait battre des clubs de grosses villes mais on galérait pour louer une bagnole. Et c’est ce qui faisait notre force. On avait une cohésion et des valeurs énormes». Ces débuts ont propulsé sa carrière. Après des stages de détection de la fédération, il s'est hissé au plus haut niveau étape par étape : pôle espoir de Dijon puis pôle France jeunes de Nancy puis l’Insep où il s'exerce depuis 10 ans (3). Parallèlement, il a obtenu un BEP vente, un bac pro commerce et un brevet d’Etat d’éducateur sportif. Il travaille pour France archerie avec une CIP (4) qui lui permet de dégager 80 % de son temps de travail pour s’entraîner. La plupart de ses week-ends, il est en compétition avec l’Arc club de Nîmes où il est licencié depuis 3 ans.
Avec cette médaille d’argent – et celle de chevalier de l’ordre national du Mérite attribuée à tous les médaillés olympiques -, il a pris une nouvelle dimension, même si sa discipline n’est pas vouée à rester durablement en haut de l’affiche.
«Je prends ces médailles d’abord comme des récompenses à un engagement, à des heures passées à l’entraînement. Mais cela me donne aussi un peu le rôle d’ambassadeur envers ma fédération et mon sport. Si je peux contribuer à le faire découvrir, c’est un plaisir supplémentaire».
Stéphane Paris
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