Dans son petit atelier bisontin, matières, croquis, tissus, fils de toutes les couleurs ornent les étagères et les murs. Sur une table, un travail de recherche considérable est dévoilé : plans au microscope, croquis, notes personnelles. Fruit de deux années d'études approfondies sur un sujet bien particulier : l'alocasia zebrina, une plante verte ornementale, très répandue à l'intérieur de nos foyers, bien moins dans son habitat naturel. Pour la jeune femme,
« c'est l'exemple parfait de l'être vivant objet ».
« Sympoesis »
Personnifier la nature à travers une création artistique sur fond scientifique. Tel a été l'objectif de l'artiste pour son projet de fin master art et sciences qu'elle a passé à Londres de 2020 à 2022. Sa performance finale, la danse « Sympoesis », illustre et dénonce la vie d'une plante d'intérieur. Directrice du projet, elle en a aussi créé les costumes. Un potentiel immense, réduit à un carré tracé au sol pour figurer le pot. Aucun détail n'a été laissé au hasard.
« Je cherchais comment symboliser la forme particulière des feuilles. Les motifs sur le tissu représentent les cartes de densité électronique des cristaux de la plante, c'est un peu technique mais j'ai tout de suite su que je devais utiliser ça » explique Laurane Legoff. La chorégraphie, quant à elle, tient à raconter la naissance, les recherches et finalement le lien entre le végétal et l'individu.
« En plus de la musique, on peut entendre des extraits de mon journal de recherche que je lis moi-même. »
L'art de l'engagement
« Si la thématique peut paraître enfantine, il ne s’agit pourtant pas là d’un spectacle pour enfants, mais bien d’un spectacle pour adulte, qui propose une vision poétique et politique des non-humains et de nos relations avec ces derniers. » Laurane Legoff est engagée, tant à travers les messages que transmettent ses œuvres que par ses méthodes de conception : matériaux d'occasion, réutilisation et recyclage constituent sa ligne de fabrique.
« Dans l'industrie textile, il n'y a pas grand-chose de bien à garder. Il y a beaucoup trop d'étapes qui sont mortifères pour la nature » déplore la jeune femme qui recherche des solutions pour sortir du modèle d'hyperproduction actuel.
« Le meilleur moyen est de réutiliser » conclut-elle. Un engagement que Laurane Legoff, récemment installée à Besançon, développe aussi via son réseau. Son atelier est devenu une étape de
la Route des potes (1). Elle participe régulièrement aux cafés du
club climat (2), rencontre des entreprises locales qui s'interrogent sur les problématiques environnementales. L'artiste propose également des retouches de vêtement et des cours particuliers de couture. Son atelier pouvant accueillir jusqu'à 3 personnes, ses cours d'apprentissage technique sont accessibles à partir de 12 ans. Mais sa passion première reste la confection de costumes sur mesure
« avec une volonté d'utilité, de raconter des histoires et de créer de l'imaginaire. »
Lauriane Noel
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