Même si elle ne taille pas les pierres précieuses, Valérie Avila est en quelque sorte héritière d’une grande tradition jurassienne. Il y a 4 ans, elle a repris
la Taillerie, à Bellefontaine, lorsque son père, Gilbert Duraffourg, a pris sa retraite. Ce dernier est lapidaire et diamantaire. Lorsqu’il a arrêté, il était le seul en France à exercer intégralement les deux métiers. Aujourd'hui, il est encore très présent au magasin pour prodiguer des conseils et montrer son savoir-faire sur un ancien établi à main conservé en l’état. Son ancien travail est resté une passion, transmise à ses filles.
Si la Taillerie est une boutique de pierres précieuses et fines, Valérie Avila tient à préserver ce patrimoine et propose des visites pour présenter les pierres mais aussi le savoir-faire de ces métiers. Depuis que les pays producteurs se sont mis à la taille, la profession a peu d’avenir en France. Mais sa sœur essaie de reprendre ce que faisait son père pour que la tradition ne se perde pas.
Dans les années 1920, il y avait 4500 diamantaires à St-Claude et 8000 lapidaires dans le secteur.
«Aujourd’hui, il n’y a plus qu’un seul tailleur de diamants en France, à Marseille» indique Valérie Avila.
Elle-même est gemmologue.
«J’ai fait des études de commerce mais le monde des pierres précieuses que j’ai connu toute petite avec mon père me manquait. Alors j’ai passé un FGA à Marseille. C’est un diplôme privé mais il est le seul a être reconnu au niveau international. Les DUT qui existent ne sont pas reconnus hors de France».
Un métier de voyages
Un diplôme qui lui permet de savoir expertiser, évaluer, acheter, vendre tous types de gemmes.
«C’est un métier qui me permet de voyager et c’est un des aspects qui me plaît. Il y a un marché à anvers, des foires internationales comme celles de Tucson, Hong Kong ou Sainte-Marie-aux-Mines en Alsace. Je me rends également au Brésil pur avoir des pierres à la source. Et puis, il nous arrive de nous retrouver entre gemmologues pour discuter».
Leur domaine est tellement vaste que chacun est plus ou moins spécialisé.
«On a nos préférences. Pour l’un ça va être les pierres venant d’Inde, pour l’autre le diamant. Moi ce serait plutôt les pierres du Brésil».
Tous les ans, elle met en place un thème d’exposition dans sa boutique. Cette année (jusqu’en octobre), c’est «l’améthyste dans tous ses états». L’an prochain, ce sera «les grenats».
«C’est un métier où l’on découvre tout le temps de nouvelles choses. Par exemple, récemment, j’ai découvert la bixbyite».
Etre à jour est une condition d’exercice, non seulement parce qu’il faut être capable d’identifier et d’évaluer les pierres, mais aussi parce que le public est connaisseur et collectionneur.
«Les ventes sont aléatoires, dépendent des modes. Mais ce qui est intéressant, c’est de rencontrer des gens qui viennent chercher des choses originales, parfois de très loin. Je trouve cela plus sympa que de vendre du diamant, qui reste le plus connu».
S.P.
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