Avec cette médaille d’argent aux Jeux de Tokyo, Léa Ferney est la première Française vice-championne en para tennis de table adapté. Et elle n’a que 17 ans, motif de fierté supplémentaire,
« Je suis vraiment très contente de cette médaille, dit la jeune dijonnaise.
Quand je suis rentrée à Dijon, j’ai reçu un accueil fabuleux, avec beaucoup de monde. Je n’y croyais pas ! ». Elle revient avec les souvenirs de Jeux réussis dans
« l’ambiance géniale de l’équipe de France ». Elle a surtout su gérer une compétition nouvelle pour elle.
« J’’étais sereine, tranquille, sans pression. J’ai perdu le premier match, il fallait que j’entre dans la compétition, mais après ça a déroulé. Avec mon entraîneur, on regardait les autres joueuses pour pouvoir s’adapter ». Elle garde même du positif de sa défaite en finale face à la Russe Elena Prokofeva.
« Elle est très forte. Je ne l’ai jamais battue, mais c’est la première fois que je lui mets un set ». Cette 2e place lui donne
« encore plus d’envie pour les prochains Jeux ».
Dans sa progression, Léa devance tous les espoirs placés en elle. Avant son départ pour le Japon, Yann Yvray, son entraîneur au
Dijon tennis de table, affirmait encore :
« l’objectif, c’est d’abord Paris 2024 ». Mais au mois de juin, le tournoi qualificatif menant aux Jeux avait révélé que l’ambition pouvait d’ores et déjà être plus élevée.
« Il fallait que Léa gagne ce tournoi et elle a sorti deux matches incroyables. Elle a joué le jeu qu’il fallait au moment où il le fallait. C’était assez fort, on a senti un gros déclic ». Après cette performance, Léa Ferney se montrait confiante, connaissant son niveau et celui de ses adversaires.
« Je suis contente déjà d’aller aux Jeux, mais peut-être qu'une médaille est possible ». Pari tenu.
La Dijonnaise n’a que 17 ans et 7 ans de pratique derrière elle.
« J’ai commencé le tennis de table lors d’un stage découverte avec la mairie de Dijon. J’ai aimé, j’ai continué et je n’ai jamais arrêté ». Bruno Roux, l’un des encadrants du DTT l’a vue débuter.
« Notre boulot, c’est de faire aimer le tennis de table aux jeunes et une fois qu’ils aiment, c’est qu’ils ne partent plus. Avec Léa, c’était facile, elle est douée, elle a une intelligence de jeu, elle est volontaire ». Les compétitions ont rapidement validé son niveau et sa progression, à commencer par un quart de finale de championnat de France en moins de 11 ans. Depuis, elle a notamment gagné 7 titres de championne de France jeune ou senior, 3 médailles aux Jeux européens en 2018, 5 médailles en championnat du monde dont l’or en double mixte avec Lucas Créange (c’était en 2017).
Pour expliquer sa réussite, elle parle de détermination.
« J’essaie d'abord de jouer mon jeu ». Yann Yvray complète le tableau :
« En match, elle ne montre rien, ne révèle aucune émotion, c’est « poker face » et ça peut déstabiliser les autres. Elle a progressé en gestion de la fatigue. Elle peut gagner en régularité pour avoir un niveau homogène sur toute la durée d’un match, car il y a encore des dents de scie. Il y a un aspect tactique à acquérir : savoir mettre un frein à certains moments, avoir un jeu un peu plus d’attente ».
Pour obtenir ces résultats, elle s’entraîne 15 à 16 h par semaine, avec notamment une préparation physique menée par Sébastien Verdin, autre athlète paralympique (en rugby fauteuil).
« Jusqu’à présent, je n’ai jamais ressenti de lassitude » dit-elle. Persévérance d’autant plus remarquable que la jeune fille atteinte d’une déficience psychique innée poursuit en parallèle son parcours professionnel. Elle est actuellement en CAP restauration au
lycée professionnel Le Castel.
Son niveau de tennis de table facilite ce double projet : il lui vaut le soutien ministériel proposé à certains sportifs de haut niveau à fort potentiel olympique ou paralympique. En février 2020, elle a signé un partenariat en vue de Paris 2024. En équipe de France de sport adapté, elle bénéficie des conseils et de l’expérience de Xu Gang, lui aussi athlète olympique. Elle est également partie prenante du projet de son club de créer une équipe féminine accueillant des joueuses en sport adapté et du circuit « ordinaire ». Complété par l’implication de sa mère, de son frère et de son club, cet environnement permet à Léa de progresser sereinement. Elle apprécie.
« Etre internationale me permet aussi de voyager, de visiter des pays ajoute-t-elle.
En stage avec l’équipe de France, j’ai déjà pu voir la muraille de Chine ».
S.P.
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