Romain Grégoire a commencé 2022 sur les mêmes bases que 2021 : celles de la victoire. Le 8 janvier, il gagnait le championnat de France de cyclo-cross espoirs pour ses débuts dans la catégorie. En junior, l’an dernier, il a cumulé les titres de champion d’Europe, champion de France (en ligne et en chrono) et vice-champion du Monde. Une année en pleine lumière qui a abouti à une signature à la Continentale Groupama-FDJ. « C’est un choix logique pour moi d’abord parce qu’il y a un environnement et un encadrement qui donnent tous les moyens pour progresser et bien faire avec le côté pro de la FDJ ; ensuite parce que c’est à Besançon et je suis un coureur « local ». Je connais déjà tout le monde, je n’arrive pas dans l’inconnu. Pour moi c’est idéal pour travailler sur tous les aspects sans brûler les étapes ».
Un environnement qui devrait cadrer avec sa personnalité, si l’on en croit Maxime Latourte, coach qui le suit depuis 4 ans. « Il a une certaine capacité à faire travailler tout le monde autour de lui et il arrive à tirer le maximum de ce qui l’entoure » dit l’entraîneur qui avoue avoir été surpris par sa progression « même s’il était déjà très assidu et rigoureux quand je l’ai connu ». Il insiste sur des qualités rares : « le mental le distingue de tous les autres coureurs juniors. Et il a une capacité d’analyse et de réflexion très pointue, que l’on voit peu, même chez les coureurs pros ». La question qui se pose aujourd’hui est de trouver son terrain de prédilection. « Chez les amateurs, il tire son épingle du jeu dans tous les secteurs, mais au niveau supérieur, il faut chercher quelles sont les limites en montagne, en sprint, etc ». De profil plutôt puncheur, Romain est conscient d’avoir une marge de progression dans les cols, les longs efforts de montagne.
« J’ai été habitué à perdre avant de gagner »
Le vélo est venu tôt, avec l’exemple de son père qui faisait du cyclosportif. Romain a commencé par le VTT à 6 ans avec l’ASPTT avant de s’orienter cyclo-cross et route à 13-14 ans « parce que c’est la compétition qui m’attirait et j’y trouvais plus mon compte dans ces disciplines. J’essaie de faire encore du cyclo-cross car j’adore ça ». Pas d’autre pratique sportive, si ce n’est le ski de fond : « J’aime bien, ça me change pendant l’hiver et c’est clair que ça aide pour la condition ». Natif de Velesme-Essarts, à côté de Besançon, il est toujours licencié de l’Amicale cycliste bisontine où il a fait ses premières armes sur route. « J’ai toujours été relativement devant, mais je n’ai pas gagné tout de suite relate-t-il. J’ai même été habitué à perdre avant de pouvoir gagner. On se tirait la bourre avec Pierre Gautherat et je pense que ça m’a aidé ». S’il dit suivre le cyclisme, il n’a jamais eu d’idole ou de modèle. « Je suis chauvin, donc je soutiens les Français, mais je n’ai jamais eu de poster dans ma chambre ». S’il devait devenir pro, son ambition est un classique du milieu : « gagner un jour sur le Tour de France, ce serait le rêve ».
Le jeune homme qui vient de fêter ses 19 ans est avide d’expérience, comme le Paris-Roubaix junior d’octobre dernier. « C’est un mythe, j’étais content de pouvoir le faire. Tant qu’on n’a pas mis les roues sur les pavés, on ne se rend pas compte à quel point c’est dur. Ça m’a fait penser à un long cyclo-cross ! » Avant de partir en stage en Espagne, il fait ses 17 h d’entraînement par semaine, en moyenne, sans lassitude. « S’il y en avait à 19 ans, c’est qu’il y aurait un problème ! J’essaie toujours de me faire plaisir à l’entraînement ». Pas si évident que cela quand on sait qu’il est étudiant en 2e année à l’IUT gestion des entreprises et des administrations. Même avec un statut de sportif et des aménagements. « Sur le plan des études, je suis encore dans le flou. Je pense plus au vélo en ce moment avoue-t-il. J’ai la chance d’avoir un encadrement compréhensif, d’avoir cours uniquement le matin, de pouvoir passer mon diplôme en 3 ans au lieu de 2. Ça demande pas mal d’organisation et ça risque de se compliquer, mais on verra bien ». Comme le dit son entourage, Romain a la tête sur les épaules. Sa notoriété grandissante ne l’empêche pas de s’impliquer en faveur du don de moëlle osseuse. « Je connais bien le président, Alex Chouffe. Pour moi, c’est logique de s’engager. Si je peux aider, c’est avec plaisir et fierté ».
Stéphane Paris
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