Dans la dynamique qui permet à Besançon de devenir la première ville française à accueillir l’assemblée générale Erasmus, le mois prochain, l’élément déclencheur s’appelle Julien Péa. C’est d’abord ce Pontissalien de 24 ans, qui s’est demandé pourquoi ne pas oser une candidature bisontine, alors que des villes plus importantes reçoivent habituellement l’événement. Après Prague l’an dernier, des noms comme Vienne, Istanbul ou Rome semblaient avoir un profil autrement plus classique de villes-capitales de la jeunesse étudiante, même si ce n’est que pour 3 jours. Il faut croire que l’audace paie, puisque Besançon a finalement décroché cet honneur.
Mais avant de séduire le jury, Julien Péa a d’abord réussi à convaincre trois autres jeunes de le suivre dans l’aventure : Joachim Wyssling, 21 ans, est un Suisse du canton de Zürich rencontré lors d’un championnat universitaire de hand. Rémi Thomas, 24 ans, lui aussi de Pontarlier, a connu Joachim en 1re année de LEA. Florian Chappey, Lyonnais de 23 ans, actuellement au service culturel du CLA, avait quant à lui effectué un échange l’année précédente. Tous quatre font également partie de l’AEIB, association des étudiants internationaux de Besançon créée en 2004. “Dans le réseau français, en été 2005, il était question que Paris organise l’AGM 2006 relate Julien Péa. Au dernier moment, cela ne s’est pas fait et Cracovie a pris le relais en catastrophe. Je trouvais que cela ne donnait pas une bonne image du réseau Erasmus français et de fil en aiguille je me suis dit que cela pouvait être grandiose de le faire ici. Même si cela semblait fou à ceux à qui j’en parlais”.
En octobre 2006, Joachim, Rémi et Florian décident de relever le challenge. Ils ont 4 mois pour préparer une candidature, le choix de la ville d’accueil étant effectué par un vote de l’ensemble des participants lors de l’assemblée générale précédente. “Un projet fou, impossible, mais on s’est dit qu’on allait le faire quand même. A Prague, on savait qu’il fallait en mettre plein la vue, sinon on n’avait aucune chance”. Leur idée, proposer un clip mettant en avant les aspects universitaire, international et culturel de Besançon. Réalisé en coopération avec le service communication de la Ville de Besançon, le résultat “sympa dans son amateurisme et insistant beaucoup sur l’aspect proximité”, a rallié 71 % des suffrages face à… Rome ; Vienne et Istanbul n’ayant finalement pas présenté de candidature ! “Il y a même eu des applaudissements lorsque le clip montre l’entrée du Kursaal” se souviennent-ils.
Bénévolat
Besançon va donc succéder à la prestigieuse capitale tchèque. Depuis un an, le groupe de départ a agrégé les bonnes volontés, constituant un comité d’organisation d’une dizaine de personnes à commencer par Lucie Delsalle, “là depuis longtemps”, mais aussi Michel Stimpfling de l’Université ou Marc Renaudin, patron du bar de l’U. Autant de bénévoles qui ne comptent pas leurs efforts : “En temps, en forfaits de téléphone et en kilomètres, je ne sais pas combien ça fait, mais on a la chance de pouvoir s’investir dans ce projet” constate Julien Péa, qui travaille également à Europe Direct Franche-Comté. Les institutions (Etat, Ville de Besançon, Région, Département, Université) ont répondu présent, dans un budget de 150 000 euros. “C’est dans leur intérêt. Il y a un côté vitrine par rapport à la jeunesse européenne de 34 pays qui va venir ici”.
D’autant que dans un programme largement imposé, les “Bisontins” tiennent à marquer le coup de cette première assemblée générale française en 19 ans d’existence : en ouvrant beaucoup plus vers l’extérieur que les éditions précédentes, au rayonnement plutôt interne, en espérant créer des échanges entre les jeunes qui vont venir et les lycéens et étudiants de Besançon, en privilégiant les contacts directs à la distribution de documents ou en faisant participer des artistes locaux comme Aldebert ou Paul Gonez. C’est ce dernier qui va créer une autre nouveauté, le “trophée” AGM destiné à circuler de ville organisatrice en ville organisatrice à partir de cette édition.
A l’approche de l’événement, aucun des quatre ne regrette de s’être lancé dans l’aventure. “Cela nous a aussi apporté énormément en termes de connaissances, de contacts, de réseau. On a évolué dans la façon de se présenter, de parler aux gens. On a pris des responsabilités, des initiatives, c’est un challenge qui nous poursuivra toute la vie. C’est une première pour chacun de nous et sur le plan du stress et des enjeux, on pouvait difficilement faire mieux" remarque Julien Péa. “L’associatif, c’est l’école de la vie, plus que la fac complète Joachim Wyssling. Par rapport à il y a un an, je constate une nette évolution personnelle”. Et même s’ils ont d’autres préoccupations (Joachim et Rémi sont étudiants en master), ils ne comptent pas s’arrêter là. “Certains d’entre nous ont le projet de s’investir dans le réseau Erasmus français. Mais comme il est un peu endormi actuellement, on espère utiliser l’assemblée de Besançon comme tremplin pour discuter avec les autres membres français et voir ce qu’on peut faire pour le relancer”.
S.P.
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