«Critiquer tout en rigolant» en s’inspirant
«de la vie de tous les jours», c’est un exercice auquel Serhat se prête depuis une bonne année. Le concept n’est pas nouveau et consiste à se filmer face caméra et déclamer ses textes, dans un montage rapide, entremêlé d’effets sonores et visuels. Norman et Cyprien sont les premiers, en France, à avoir été suivis par des millions d’internautes. Serhat n’a rien inventé, mais il a su se lancer dans la discipline au bon moment, juste avant qu’ils ne soient des milliers à le faire (il est, à sa connaissance, le seul en Franche-Comté).
Mais surtout, il a été le premier, sur le net, à parler et se moquer habilement de la communauté turque. Et donc de ses origines car il est né en France de parents venant d’Osmanusagi à l’est de la Turquie, où il retrouve ses racines une fois tous les deux ans environ.
«Parmi les youtubers, il y avait des Asiatiques, Africains, Maghrébins qui parlaient de leurs origines, mais pas de Turcs, je me suis dit qu’il y avait un créneau» raconte Serhat.
Ses réalisations ont été rapidement suivies sur les réseaux sociaux par la communauté turque, avant d’être partagées et visionnées bien au-delà. Sur Youtube, elles comptabilisent en moyenne 150 000 vues, et même jusqu’à 260 000 pour celle sur
«la famille turque», et plus de 430 000 pour celle sur
«les téléphones portables». Un emballement rapide qui lui a même permis une monétisation de ces visionnages : 100 $ pour 100 000 vues. Par mois, notre Montbéliardais peut gagner entre 300 et 500 euros. De quoi investir dans du matériel vidéo, informatique et de montage pour
«améliorer la qualité».
Garder la tête froide
Le Franc-Comtois a participé à la Paris games week début novembre où il a pu rencontrer ses fans lors de dédicaces.
«Derrière son ordinateur, on est dans le virtuel et on se rend pas trop compte du monde qui peut nous suivre. Tous ces gens qui sont venus me voir, ça m’a donné envie de continuer», confie celui qui a aussi été approché par des marques pour des placements de produits rémunérés, ce qu’il a refusé.
A 20 ans, Serhat semble garder la tête sur les épaules, désireux de ne pas brûler les étapes.
«Parmi les youtubeurs, certains prennent vite la grosse tête, il faut savoir aller doucement, et rester simple et prudent». Voilà pourquoi, en parallèle, il cherche à valider un DUT génie électrique, avant peut-être un jour, de vivre de sa passion, celle de
«faire rire les gens».
Beaucoup inspiré par les comiques Jamel Debbouze et Gad Elmaleh, il souhaite encore
«prendre de l’âge et de la maturité» pour dans quelques années, faire de la scène avec un one man show. D’ici là, il s’attache à s’améliorer au fil de ses réalisations. Soucieux de fidéliser les 134 000 abonnés qui le suivent (making of, best of, questions/réponses), il sait que pour prendre son envol, rien ne sert de percer, il faut durer…
Simon Daval
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