Tester ses limites et sortir de sa zone de confort. Voilà le moteur de Léo Ragonneau, 21 ans. Quand il débarque à Sydney en octobre 2023, il n’a pas de plan en tête. Il vient de terminer sa licence en Staps à Dijon et a été accepté en master Meef en vue de devenir professeur d’EPS. Entre les deux, il décide de s’accorder un an de pause et de s’envoler pour l’Australie. « Partir avec mon sac à dos et voir le monde, c’était un rêve depuis tout petit, quelque chose que j’ai attendu pendant toute ma licence », raconte celui qui a grandi à Quincey, un village situé entre Beaune et Dijon.
Sur place, il se lie rapidement d’amitié avec un Italien, avec qui il décide de louer un appartement. « Un jour, je me suis réveillé et je me suis dit : quel est l’intérêt d’être là si c’est pour vivre la même vie confortable qu’à Dijon ? Il faut que je me bouge, que je parte à l’aventure » Alors, le jeune homme imagine un défi : parcourir 1500 kilomètres à pied en moins de 40 jours, seul et sans dépenser un sou.
Sa nourriture offerte par les locaux
24 décembre 2023. Début du périple direction Melbourne, au sud du pays. Fan de tournage vidéo et de montage, Léo embarque avec lui son smartphone, qu’il dégaine tout au long du parcours pour partager son aventure sur les réseaux sociaux. Et il entame cette aventure avec un objectif : récolter au fil des jours 1500 euros au profit de la Fondation des femmes, qui lutte contre les violences faites aux femmes.
Sa première nuit dehors, il la passe en forêt, dans son hamac. Pas effrayé par la faune locale, entre serpents, fourmis et araignées dont l’envergure est sans commune mesure avec ce qu’on connaît en France. « Ma phobie, ce sont les requins. Le reste, ça ne me fait ni chaud ni froid » sourit cet ancien joueur de rugby. N’empêche qu’au réveil il grimace : il s’est fait dévorer par les moustiques. Une bonne leçon pour la suite, lui apprenant qu’il ne faut pas laisser un centimètre de sa peau à l’air libre une fois endormi.
Pour se nourrir, il compte sur la générosité des locaux, qui lui offrent à manger. « Ne connaissant pas la flore locale, je ne voulais pas risquer de manger quelque chose de toxique dans la forêt », explique-t-il. Il s’organise méticuleusement, faisant des réserves pour les jours en pleine nature durant lesquels il ne croise personne.
« Une sensation de vulnérabilité »
Dans un village, les habitants le mettent en garde : s’il poursuit son périple dans la forêt, il risque de croiser « l’un des serpents les plus venimeux au monde ». Pas de quoi effrayer ce Bourguignon franchement intrépide. « Dix minutes plus tard, j’en avais un énorme face à moi. Ça m’a rappelé que ce n’était pas un jeu, que j’étais seul et sans réseau et qu’il fallait que je fasse attention. » La suite du périple se déroule bâton à la main, à taper au sol pour faire fuir les serpents.
Seul dans la forêt, il ressent quelque chose de grisant : « Une sensation de vulnérabilité que tu n’as pas dans ta vie quotidienne parce que tu sais qu’il y aura toujours quelqu’un pour te venir en aide et qu’au pire tu appelleras le Samu. Là, tu es le seul maître de ta vie », analyse celui qui tente depuis ses 18 ans d’être sélectionné pour participer à l’émission Koh Lanta.
Quand il n’est pas en forêt mais sur des passages tranquilles, il trouve autre chose pour se mettre en difficulté. « Je voulais tester mes limites, voir de quoi j’étais capable en puisant au fond de moi. »
Le Mont Blanc en ligne de mire
37 jours après son départ de Sydney, le voilà arrivé à Melbourne, avec 1480 kilomètres dans les pattes, soit une moyenne de 40 km par jour. Et seulement cinq nuits en dur, chez l’habitant. Et bonne nouvelle : la cagnotte a atteint 1500 euros. Ce qu’il en retient surtout ? Que son mental peut prendre le dessus sur la douleur physique et l’emmener loin.
Cette aventure ne l’a pas rassasié. Au contraire, elle lui a ouvert l’appétit. « Une semaine avant l’arrivée, j’étais déjà en train de me demander quelle pourrait être ma prochaine aventure », rembobine-t-il dans un éclat de rire. Réponse ? « En août, j’aimerais gravir le Mont Blanc en enchaînant les cinq voies qui mènent au sommet et battre un record en faisant ça le plus rapidement possible. » Et ce, sans compétence en alpinisme à ce jour. Un défi qui va nécessiter du matériel coûteux et pour lequel il recherche des sponsors.
Désormais en Tasmanie, au sud de l’Australie, il compte s’entraîner dans des salles d’escalade. « En parallèle, je cherche du travail pour me faire de l’argent qui me permettra de financer un stage d’alpinisme au Népal, pour préparer l’ascension. »
Et après ? On devine sans difficulté qu’il ne va pas s’arrêter en si bon chemin. A terme, son métier de rêve ce serait « aventurier 2.0 » : enchaîner les aventures et les partager sur les réseaux sociaux. Devenir une sorte de Mike Horn version française, en somme.
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