Des sonorités de synthé typiques années 80 cisaillées de riffs hardcore musclés sur lesquels se greffe un chant pop lui aussi très new-wave eighties : Virgin queen, premier titre, donne le ton et le reste de l'album est du même métal : alliage de mélodies et d'énergie. Fans de Depeche Mode comme de Metallica, le groupe bisontin Brent opère une improbable jonction entre les sons de deux époques. Risqué, mais cela fonctionne étonnement bien sur leur premier CD, Platinum deadstar, qui vient de sortir nationalement. La façon dont les influences sont digérées est même remarquable, présentes sans être envahissantes. Eux-mêmes mettent en avant Kraftwerk et Taxi Girl (et le verso du disque se réfère à l'Image de ces deux groupes), s'offrent une reprise person-nelle abrasive de Cherchez le garçon, intitulent un de leurs titres Robot comme aurait pu le faire.le trio germain.
Avec Daniel Darc...
Citons aussi Naked, plage 8 : c'est carrément l'esprit de Page Hamilton qui habite ce titre. Ou le superbe et mélancolique Ghost, qui évoque à la fois le Dominique A. de Remué et Radiohead. Un titre chanté par ... Daniel Darc ! L'ex-Taxi Girl, contacté par une amie commune, n'a pas hésité à venir à Besançon prêter sa voix et un texte magnifique au groupe après avoir entendu leur reprise de Cherchez le garçon: Mais les membres de Brent ne souhaitent pas faire de la présence d'une légende du rock français un argument de vente. Ils ont raison : entre gimmicks eighties, influence new-wave et guitares actuelles, leur style est l'affirmation d'une véritable personnalité que toutes les références suscitées n'encombrent pas. Le disque contient 15 titres sans temps faible (en plage 66, se cache un délectable déchaînement hardcore) enregistrés au studio ATP à Besançon (excellente production en passant, la voix jamais noyée sous les guitares) et au moins trois hauts sommets (Enemies of time, DV life et Ghost).
Groupe formé à Montbéliard, Brent est donc désormais bisontin. « Pour le cadre de vie, car pour ce qui est de faire de la musique, de rencontrer des interlocuteurs, ce n'est pas forcément bien. Mais Paris n'est pas loin...». Changement de lieu mais aussi de style, puisque le trio noisy des débuts a fait place à un quintette composé de Jérôme (guitare, chant), Vincent (basse, chant), Stephen (claviers, synthés, samples), Nico (batterie) et Cyril (guitare), soit deux Montbéliardais et trois Bisontins.
Jérôme écrit la quasi totalité des textes seul, en anglais, car « toute notre culture musicale est anglo-saxonne ». Pour la musique, pas de formule ; les compositions se réalisent à géométrie variable, certains morceaux à deux, d'autres à cinq. Comme ils ont entre 27 et 29 ans, on conçoit bien leurs réminiscences du hardcore new-yorkais, moins celle qui concerne l'époque Kraftwerk. « Tous les 5, nous avons des références communes, souligne Jérôme. Quand on parle d'un groupe, personne n'est largué. On a tous une bonne culture musicale rock. Moi, à 10 -11 ans, j'écoutais Cure, Depeche Mode » Soudés dans leurs goûts comme dans leur musique, sélectionnés pour le Printemps de Bourges en 1999, les cinq de Brent peuvent s'autoriser quelques espoirs. « Au départ, on ne faisait pas de la musique une finalité professionnelle mais, maintenant on y pense... Pour réaliser l'album, on a pris notre temps, beaucoup travaillé, bossé quasiment un an dessus ». Pour peu que le disque se fasse uconnaître, vu sa qualité et les premiers retours, tout est permis.
Stéphane Paris
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