La campagne de sensibilisation lancée par le conseil Unicef des jeunes s'intitule « Levons les tabous sur la santé mentale ». Chloé Lapalus, étudiante en alternance dans le domaine de la santé et jeune ambassadrice de l’organisme a participé aux travaux.
Pourquoi choisir de parler de la santé mentale des jeunes maintenant ?
On a souhaité parler d’un sujet auquel nous sommes tous confrontés ou presque, et particulièrement suite à la crise sanitaire. Le mal-être chez les jeunes a beaucoup augmenté suite au confinement car on s’est retrouvé isolé et coupé de nos amis. Même si on se plaint parfois de l’école, elle constitue quand même l’essentiel de notre vie sociale. En être privé du jour au lendemain, ça a suscité beaucoup de colère. C’est un traumatisme.
En quoi la santé mentale est-elle taboue ?
Quand on en parle avec nos parents, on entend souvent des phrases comme « Il n’y a pas que toi. » On ne se sent pas compris, ni par nos parents ni par le personnel socioéducatif. Les adultes ont tendance à minimiser le mal-être que l’on peut ressentir. Pourtant ça existe, ce ne sont pas des caprices d’enfant. Entre nous, on peut en parler, car on traverse la même chose, on se soutient. C’est un sujet tabou qui ne devrait pas l’être.
Quel est l’objectif de cette campagne ?
Sensibiliser et prévenir le mal-être chez les jeunes, les inciter à en parler et à ne plus avoir honte. C’est une campagne qui s’adresse principalement aux 10-18 ans, mais elle concerne tout le monde. L’objectif pour les jeunes est de pouvoir identifier chez eux ou chez un proche les signaux d’alarme relatifs à la santé mentale et pouvoir agir en conséquence.
Comment agir face à ces troubles ?
Il est très important d’en parler librement. On peut consulter un psychologue par exemple. Mais ça dépend de la personne. Certains se sentent plus à l’aise d’en parler avec des amis, d’autres préfèrent aller faire du sport. Il ne faut pas rester seul et reproduire une situation d’isolement car c’est précisément ce qui nous a causé du tort.
Quels sont les actions mises en place durant cette campagne ?
La campagne comporte 3 volets. Premièrement, l’enregistrement de podcasts avec l’intervention de Soprano pour évoquer la confiance en soi et celle de Paola Locatelli pour parler de la gestion des émotions. Le cyberharcèlement sera aussi abordé. Deuxièmement, la mise en place de « safe-zones », des endroits « ressources » dans les collèges et lycées avec des documents d’information mais aussi la présence de professionnels de la santé mentale qui pourront écouter les jeunes et les conseiller. Et troisièmement, le kit pédagogique destiné aux 10-18 ans qui est accessible sur
my.unicef.fr. C’est un outil pour sensibiliser et repérer les signes du mal-être. Il y a du contenu média avec par exemple la musique
l’Enfer de Stromae, des revues de presse, un exposé interactif, un brainstorming et un jeu de cartes pour mettre en pratique ce que l’on a appris.
Comment allez-vous suivre le projet ?
On était 25 de 13 à 25 ans, venant de toute la France à travailler dessus. Maintenant chacun va suivre le développement du projet comme il peut. A titre personnel, je vais soumettre le programme et les outils élaborés aux psychologues de la région, pour qu’ils puissent les proposer aux jeunes qui viennent en consultation. Je pense au contenu média et aux podcasts surtout, c’est facilement accessible et ça nous parle.
Voulez-vous ajouter quelque chose à propos de cette campagne ?
C’est une très belle expérience qui m’a énormément apporté personnellement et même professionnellement. J’ai beaucoup appris sur moi-même et j’ai compris certaines choses. J’ai été harcelée pendant des années donc j’étais directement concernée par le sujet. J’ai toujours été intéressée par le domaine de la santé, j’étudie d’ailleurs pour devenir directrice d’Ehpad. Ça m’a donné envie d’agir encore plus pour le bien-être des soignants et des résidents.
Recueilli par Lauriane Noel
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