L’année 2018 s’est montrée plutôt généreuse avec Laura Sivert. Certains espèrent durant toute leur vie de sportif accrocher une breloque, la Bisontine, elle, a compilé une médaille d’argent aux Mondiaux universitaires à Kobe (Japon) en juillet et un titre de championne du monde par équipe en novembre à Madrid (Espagne). De quoi donner le tournis, mais la jeune fille de 21 ans, tête bien faite et bien pleine, semble digérer les honneurs avec sérénité, tout en contrôle, comme sur le tatami quand il s’agit de dompter des adversaires parfois plus grandes et plus puissantes. Dans ces cas-là, entre quelques coups de poing et balayages, elle dégaine son arme fatale : le coup de pied circulaire. «C’est mon petit spécial. En contre. J’attends que mon adversaire vienne pour pouvoir le passer !»
A Madrid, Laura et ses copines ont renversé toutes les adversaires présentées sur leur chemin. Le voyage intercontinental virtuel s’est soldé par un triomphe. Les Suisses, championnes d’Europe en titre, au premier tour ? Surclassées. Les Croates, les Dominicaines et les redoutables Egyptiennes pour atteindre la finale ? Dominées dans les grandes largeurs. Et les Japonaises pour terminer le travail ? Mises à la raison. Pour une première sélection en Equipe de France seniors, Laura a su faire sa part de travail.
L’étudiante bisontine originaire de Peseux, à quelques kilomètres de Dole, accueille cet exploit et les sollicitations qui ont suivi avec une maturité assez étonnante. «Depuis cette médaille d’or mondiale, les médias s’intéressent au karaté et un peu à moi, c’est très bien. C’est une fierté.» Pour elle, le succès des Bleues s’est construit sur la force du collectif. Lorsqu’une fille pâlit, une autre pallie. «A ce niveau, tout le monde est super fort techniquement ! Cela se joue sur 2 minutes, c’est très court donc il faut être à fond tout le temps. Ce qui a fait la différence, c’est la cohésion et la capacité à trouver les mots pour se motiver mutuellement.»
Un avenir en lettres d’or ?
Laura prépare cette année une licence à l’UFR Staps, option activités physiques adaptées. Elle bénéficie d’un emploi du temps aménagé, qui lui permet de s’entrainer tous les jours dans son club (NDLR : Club Sauvegarde de Besançon) avec Fode Ndao, également entraineur national du Sénégal. «C’est dur mais il faut s’adapter. J’emmène mes cours quand on part en déplacement et les copains de la fac sont sympas avec moi. Et ma famille me soutient toujours.»
Les membres du Comité olympique international (CIO) ont voté en août 2016 l’introduction du karaté dans le programme olympique, au même titre que le softball, l’escalade, le surf et le skateboard. Dans un monde idéal, Laura pourrait donc devenir la première karatékate française de l’histoire à remporter une médaille, voire un titre olympique. Imaginez l’affaire mais ne nous emballons pas…«D’abord, il y a les championnats d’Europe l’an prochain, puis, donc, les JO de Tokyo 2020. On verra…. Ce qui est sûr, c’est que les Jeux sont évidemment le rêve de tout sportif.» Et après Tokyo, il y aura… Paris 2024, le must. «C’est encore loin mais c’est dans un coin de ma tête !» assure Laura.
Christophe Bidal
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