Il a mis 3 mois pour rallier Adélaïde à Darwin. 3014 km seul, à trottinette, pour traverser l’Australie du sud au nord. Dans les passages désertiques, la civilisation se résumait à une longue ligne droite goudronnée et au GPS qui permettait à ses proches de le localiser et de recevoir des messages rassurants. « Dans les zones les moins habitées, je voyais environ 4 véhicules par heure. Mais c’était plus simple pour moi. A l’approche des villes, c’était dangereux, je devais tout le temps me retourner ». Côté nature, ce n’était pas beaucoup plus trépidant. « J’ai surtout croisé des animaux morts tués la nuit par les camions. Sinon, quelques wallabys, kangourous, émeus, vaches. Un peu d’araignées, des lézards et deux serpents qui ont fui. J’étais surtout suivi en permanence par 200 mouches mais je m’étais fabriqué un filet de protection ». Il avait prévu 3 jours de pluie, il n’a eu qu’une seule nuit. « Comme ma tente était légère et plus proche d’une moustiquaire que d’un abri, je me suis levé trempé. Mais c’était moins problématique que la chaleur. A 35°, on arrive à s’habituer, au-delà, c’est difficile ». Il ne sait pas jusqu’où est allé cet au-delà, son thermomètre n’étant gradé que jusqu’à 50. « Il m’est arrivé de boire 10 l d’eau par jour ».
Un défi physique peu commun
Ancien athlète espoir en saut en hauteur et en javelot, le natif de St-Claude a eu le coffre pour aligner des journées de 50 km sur une trottinette, en dormant le long d’une route utilisée par des road trains. « Ce n’était pas des nuits idéales, mais j’arrivais à me reposer. J’ai eu deux moments difficiles, se souvient-il. Au bout de 1000 km, j’ai failli abandonner. J’ai atteint Coober Pedy après une section de 100 km sans pouvoir me reposer, faute d’ombre. Il faisait tellement chaud que ça ne servait à rien. J’avais mal aux genoux, aux hanches, j’avais du mal à marcher. Je me suis dit, c’est bon, j’arrête. Mais finalement, après 2 jours de repos, j’ai retrouvé l’envie. Un peu plus tard, par lassitude, j’ai voulu prendre un peu le bus. Au moment de monter dedans, je me suis ravisé. Tout allait bien, alors pourquoi renoncer ? ».
Son aventure a quand même occasionné quelques rencontres. Comme ce touriste anglais qui l’a invité dans son camping à Alice Springs ou cet Américain du sud qui lui a proposé de le filmer avec son drone. Ou cet Australien lui proposant de faire une pause quand il passerait près de chez lui, 500 km plus loin. « Heureusement car à ce moment-là j’avais besoin de réparer la trottinette et j’ai pu le faire chez lui ». Les policiers ont été compréhensifs. « Ils m’ont surtout dit de faire attention à la circulation ».
Pour réussir, il avait mis toutes les chances de son côté, passant du temps à chercher des sponsors, à trouver le matériel le plus léger et efficace possible. Son équipement : vêtements amples, bas de contention, casquette, lunettes, gants. Une remorque pour VTT bricolée exprès, avec 15 à 40 kg de matériel, eau et nourriture selon les moments. Sur la route, il avait adopté la technique d’alterner les poussées par séquences de 8 de chaque côté. Un préparateur physique lui avait montré des étirements à faire chaque matin. « J’ai quand même eu un problème à un genou, quelques courbatures, mais pas de tendinite. Et j’ai pris des muscles ! » Il s’est mis à utiliser la trottinette en 2013 lors d’un job d’été à Montpellier. « Je devais emmener des voitures sur un parking à 400 m d’un restaurant. Après être revenu plusieurs fois en courant et en transpirant, je me suis dit que ce serait plus pratique d’avoir une trottinette. Depuis, je m’en sers régulièrement ».
Saut à la perche
Sa motivation était multiple. « J’étais déjà allé deux fois en Australie et j’avais envie d’y retourner. Je voulais également faire une sorte d’expédition, me lancer un défi physique, quelque chose de peu commun. Je voulais le faire pour une cause, en l’occurrence Courir ensemble, association qui aide les enfants malades ».
Crwdfunding, sponsors et économies personnelles ont financé cette aide en même temps que l'expédition. Finalement, sa réussite a incité son sponsor Laydevant à renforcer la contribution destinée à Courir ensemble. De là à envisager un autre expérience ? « Juste après, je disais, non, non ! Mais finalement, après réflexion, pourquoi pas refaire quelque chose d’ici 2 ou 3 ans ? ». Pour le moment, il peaufine une création d’activité dans le coaching sportif. Mais il s’est quand même lancé dans un autre pari, à peine plus commun : « Je m’entraîne pour essayer de participer aux championnats de France de saut à la perche ».
S.P.
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