Toutes cinq viennent du haut Jura, là où le ski nordique est une seconde nature. Toutes ont commencé à pratiquer dès l’enfance, comme presque tout le monde ici. Ce qui ne les empêche pas d’être encore surprises de leur titre de championnes du monde de sport scolaire acquis en février dernier à L’Aquila (Italie). «On y allait pour s’amuser, découvrir le niveau sans trop d’objectif se souvient Océane Bépoix. Après le 1er jour, on s’est rendu compte qu’il y avait quelque chose à faire. Mais on ne s’attendait pas à gagner». L’équipe du lycée Victor Bérard de Morez a pourtant bel et bien terminé devant des filles de Schladming (Autriche) et d’Oberhof (Allemagne), deux places fortes du ski nordique mondial (1).
Pour la section ski du lycée Bérard, c’est coup double après le titre de champion de France acquis auparavant (2). «C’était une belle expérience relate Sam Forestier (photo 3), le prof de sport qui gère la section au lycée. D’autant que le dispositif n’a que 4 ans chez nous. Et nos garçons sont vice-champions de France».
Au-delà du sport, les jeunes filles ont vécu une aventure humaine, sur un site ravagé par les tremblements de terre. «Cela nous a tous impressionnés se souvient Sam Forestier. Il y avait encore beaucoup de stigmates de celui de 2009, des bâtiments pas encore reconstruits, des gens marqués. Pour les organisateurs, l’implication allait au-delà de l’aspect sportif». Et cela se passait avant, un nouveau séisme, en août dernier...
Stimulation
et émulation
Chez les filles, la bonne entente est évidente. Sans être du même âge, elles ont vécu à travers la section sportive leur scolarité ensemble. Elles se retrouvent régulièrement pour s’entraîner au stade des Tuffes, près des Rousses, superbe équipement dédié au ski nordique «sans lequel nous ne pourrions avoir cette section» confie Sam Forestier. Licenciées en clubs, membres du comité régional de ski du massif jurassien (3), elles ont une quinzaine d’heures d’entraînement par semaine auxquelles s’ajoutent les compétitions du week-end. «La semaine passée en Italie et le titre nous ont encore plus rapprochées annonce Suzon Fabre. Cette expérience était fantastique».
«On a vécu une semaine ensemble à manger des pâtes rit Claire Moyse. Il y avait une super ambiance, on a pas mal discuté avec les autres membres de l’équipe de France. Et c’était sympa de croiser les autres délégations». «Concourir avec des personnes d’autres nations, vivre cette ambiance donne forcément envie de refaire des compétitions internationales» poursuit Océane.
Si toutes les 5 vivent le ski d’abord comme un plaisir, la compétition fait partie de leur motivation. S’entraîner sur un stade fréquenté par des athlètes des équipes de France induit stimulation et émulation. Pour Océane et Suzon en biathlon, Claire, Eva et Lucie en ski de fond, ce titre est peut-être annonciateur d’autres. Lucie Colin est d’ailleurs déjà championne de France de relais avec l’équipe du Massif du Jura, en compagnie d’Anouk Faivre-Picon et Laurane Dreyer.
«A leur âge, on ne peut pas tirer de conclusions dit Sam Forestier, mais à partir du moment où elles sont en espoir national, il y a une chance qu’elles poursuivent. Mais il y a une marche entre le haut niveau junior et le vrai haut niveau».
Stéphane Paris
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