Optimisme, dynamisme et intuition. Les trois principaux ingrédients qui ont permis à Aurélie Bresson de mener à bien la création d’un magazine national. La Bisontine de 28 ans est allée au bout d’un rêve en avril dernier, jour du lancement des "Sportives", premier journal entièrement consacré au sport féminin. «Lors de la soirée organisée à cette occasion, j’ai vu arriver des gens inattendus dont Thierry Braillard, secrétaire d’Etat chargé des Sports, des gens de Canal + et d’Eurosport».
Le numéro 4 du trimestriel est annoncé pour le 20 janvier. Sa directrice estime que la vente de 7 à 8000 exemplaires permettrait d’atteindre l’équilibre. Mais elle a déjà des sujets de satisfaction. «Nous sommes bien lus en Belgique et nous allons bientôt être distribués en Suisse et au Québec. Nous avons un lectorat à 40 % masculin». Satisfaction car sa démarche est celle d’un traitement du sport féminin équivalent à celui des hommes, «pas celle de féministes intégristes». «Un magazine d’abord de sport, parfois un peu provocateur».
Elle a également pu vérifier la validité de son intuition en constatant que depuis le lancement, plusieurs autres magazines consacrés au sport féminin ont vu le jour. «Je sentais que ça bougeait, avec la politique volontariste de féminisation des institutions, avec une médiatisation en hausse. Le foot féminin passait à la télé, avec de bons scores. Mais j’avais l’idée en tête depuis un certain temps, quand je suivais l’ESBF et ensuite quand j’ai fait un stage en communication à Metz handball, en constatant qu’on ne parlait parfois pas du tout des résultats du sport féminin. Et puis il y a eu le déclic final quand j’ai trouvé le nom du magazine».
Défendre
des valeurs humaines
"Les Sportives" est à la conjonction de ses intérêts : des études dans la com entamées à l’IUT de Besançon et terminées par un master à Paris avant la création d’une société de conseil en communication, relations presse et relations publiques ; un attrait pour le sport qui l’a menée à pratiquer hier la gym (pendant 10 ans), aujourd’hui la course à pied et à suivre avec intérêt le hand, le basket ou le squash. «Le sport est une bulle d’air dit-elle avant d'ajouter : l’an dernier, j’ai fait le relais pour la paix Hiroshima – Nagasaki à l’occasion des 70 ans des bombardements atomiques». Une sensibilité qu’elle relie à son passage à la chorale bisontine des Enfants de l’espoir. «Quand j’avais 9 ans, on était parti en Bosnie. C’était mon premier voyage, il m’a marquée à jamais. Les valeurs humaines de la chorale sont celles que j’aime retrouver dans le monde du sport».
Il faut une certaine dose d’optimisme pour lancer un magazine papier en 2016. «Je l’ai fait en tant que lectrice de magazines, pas passion et par conviction. Certes il faut une présence sur le web, le papier coûte plus cher, etc. Mais je pense que la presse papier ne s’arrêtera pas si rapidement qu’on le dit. Enormément de Français lisent au moins un magazine. L’objet compte encore, c’est quelque chose que l’on peut garder. Quand j’ai eu le premier numéro des "Sportives" entre les mains, ça a été "waou !"». Elle a conçu le journal seule, l’a créé seule en Sasu à son nom, en s’appuyant sur les conseils d’une vingtaine de personnes. Elle s’est juste appuyée sur Procompta pour construire son business plan. De tous ceux qui participent aujourd’hui à l’aventure, elle est la seule à ne pas être payée. «Je l’ai fait pas par passion et par conviction. Et parce que je pense que c’est maintenant ou jamais. Je préfère ne pas regretter. Si ça ne marche pas, j’ai la vie devant moi pour faire autre chose. Mais au moins je pourrai dire que j’ai fait ça».
Stéphane Paris
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