Tu chantes depuis tout petit. Te disais-tu que ça pouvait devenir sérieux ?
J'ai toujours été passionné par la musique. J'écoutais des choses un peu plus douces, un peu plus folk que mes frères qui écoutaient plutôt du rock. À 15-16 ans, comme mes frères jouaient de la guitare, j'ai commencé à apprendre quelques accords pour accompagner le chant. À 21 ans, j'ai monté un duo avec un ami, on faisait des petits concerts dans les fêtes où on pouvait aller. On reprenait du Cabrel, du Tracy Chapman, des choses acoustiques, de la variété. Mais faire de la musique me semblait complètement inaccessible. Je me disais : «Tu ne peux pas vivre de la musique, c'est trop compliqué».
À quel moment as-tu décidé de t’y consacrer ?
J'avais mon métier de fromager qui me plaisait, la musique était un passe temps. Mais je savais qu'il y avait peut-être quelque chose à faire. Au bout de trois ans et demi de travail en tant que fromager, je me suis dit que je pousserais bien ma passion un peu plus loin, que j’étais jeune, que je travaillais quasiment tous les week-ends, que je passais peut-être à côté de quelque chose. Alors, j’ai mis des sous de côté, et j’ai démissionné pour m’inscrire dans une école de musique à Nancy. J’y allais pour me perfectionner, pas du tout en me disant que j'allais faire de la musique. Je pensais partir un an et retrouver mon métier ensuite.
Comment en es-tu venu à participer à The Voice ?
Durant mon premier jour d’école à Nancy, fin septembre 2014, la nouvelle promo devait chanter sur scène. Un casteur de The Voice était présent. Après m’avoir entendu, il m’a proposé de participer à l’émission, et alors là, je suis tombé des nues ! (rires) Je n'y allais pas du tout pour ça, c'était à mille lieues de moi. J'ai refusé plusieurs fois car je trouvais ça prématuré. Je restais dans mon objectif de me perfectionner dans cette école. Finalement, je me suis dit que ce n'était que la peur qui m'empêchait de le faire et que c'était une opportunité. J'ai accepté et je me suis lancé.
Quels étaient tes objectifs ?
À la base, j'y suis vraiment allé comme ça, je me suis dit que ça me permettrait de découvrir un autre milieu. Au premier casting à Paris, avant de faire l'émission, j’ai senti qu'il se passait quelque chose autour de moi. Pendant les auditions à l’aveugle aussi. Mais à ce moment-là, je me protège, je ne m'enflamme pas, je me dis que je peux partir à l'émission suivante. Finalement, sept mois après mon entrée à l'école, je suis en finale de The Voice. C'est un mélange de sentiments, entre la joie et la peur. Tu te dis «je suis embarqué dans un truc qui me dépasse un peu» et en même temps, tu es un peu sur un nuage, c'est fou, hors du commun.
Quid des mois et années qui ont suivi ta victoire ?
Il y a eu de très bons moments, on a vendu pas mal d'albums, j'ai travaillé avec plein de belles personnalités. Mais il y a eu des moments durs, aussi. Tout est allé un peu trop vite pour moi. J'ai eu du mal à vraiment me retrouver artistiquement, parce qu'il fallait aller vite et faire un peu des concessions. Je sentais que ce n’était pas moi mais en même temps, je faisais confiance, je me disais que j'avais de la chance d'être là, j'essayais d'écouter les gens, d'aller dans leur direction pour essayer de faire les choses bien.
Et puis, tu t’es mis en retrait durant deux ans, notamment pour des raisons de santé...
Après deux albums, j'ai eu besoin de tout remettre à plat, de reprendre une nouvelle direction, où je me sentais plus moi. Je me suis arrêté pendant deux ans. J’ai depuis compris qu'en tant qu'artiste, il n'y a pas de concession à faire, car ça fait du mal. Il faut absolument être soi à 100%. J'aurais aimé que l'album que je vais sortir soit mon premier album, car j'aurais déjà pu le faire avant si on m’en avait donné le temps.
Comment décrirais-tu ton nouvel album, qui sort le 17 mai ?
Je l’ai composé avec un ami qui habite à Ornans (Doubs), que j'ai rencontré pendant cette période un peu plus difficile. On a fait tout l'album ensemble. J’ai pu mettre beaucoup d'influences que j'aime : des musiques de la terre, cet esprit de la musique celtique, folk, country, en mélangeant parfois des influences gospel, avec quelques choeurs. Avec toujours une base de guitare-voix ou piano-voix. Neuf titres sont en français, sept sont en anglais. J’essaye de transmettre des messages forts, avec toujours de l’espoir. J'ai une chanson sur l'immigration car c'est un sujet qui me touche, je suis triste de voir qu'on laisse des gens périr dans la mer. J'aborde aussi des thèmes tels que la différence, l'estime de soi, l'amour, des questions existentielles que je me suis toujours un peu posées, le suicide des agriculteurs .
Tu as d’ailleurs un lien fort avec le monde agricole.
J'ai toujours été attiré par le milieu agricole. À un moment donné, je voulais être paysan. Mais ce n'est pas évident de reprendre des terres, une ferme, d'avoir un cheptel. Je voulais absolument travailler avec mes mains, être artisan. J'ai fait un stage en fromagerie pour découvrir et ça m'a plu. Je me suis dit que c'était un métier dans lequel il y avait de l'emploi. Je me suis passionné pour ça, et j'ai décidé de faire l’École nationale d'industrie laitière, à Mamirolle. Je trouvais que la transformation du lait, c'était quelque chose de noble, c'est beau. Je trouvais ça chouette de travailler un lait issu de la terre, pour faire vivre des familles. J’ai travaillé trois ans et demi en tant que fromager. J’habitais à Grand'Combe-Châteleu (Doubs).
Tu es né à Besançon, tu as grandi à Mamirolle, où tu vis toujours.
Oui, j'ai grandi à Mamirolle et j'y suis resté. J'aime la nature, le calme, les champs qui nourrissent, le vent... J’aime bien aller en ville trois jours, et je suis content de rentrer chez moi ensuite (rires). Mes parents viennent du haut Doubs, j'ai beaucoup de famille là-bas. J’ai cinq frères et soeurs, beaucoup de cousins, et tout le monde vit dans un rayon de 50 km. Chez nous, on ne se pose pas vraiment la question de savoir si on va aller ailleurs. C'est ma vie, ma famille. Je suis bien chez moi, dans le Doubs.
Recueilli par Chloé Marriault
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