A 17 ans, Lola Roy sait ce qu’elle veut. Une assurance qui est sans doute une qualité quand on fait du parkour. Et quand on est capable de se lancer entre deux bâtiments séparés de 4 à 5 m, à 16 m du sol. Un exploit qu’elle a réalisé en novembre dernier sur le spot du Manpower à Evry, référence connue des traceurs du monde entier. Elle n’est que la deuxième femme à avoir accompli l’exploit, quelques mois après la Toulousaine Lilou Ruel. Sa performance, et d’autres aussi étonnantes, est visible sur son compte
Instagram.
Ce qui n’est pas un encouragement à l’imiter.
« Il est totalement déconseillé de se lancer seul en regardant des vidéos Youtube » dit-elle. Lola a bien conscience de pratiquer une discipline risquée.
« Mes parents le savent aussi, mais ils me font confiance. Ils savent que c’est ma passion ». Malgré ou à cause de son audace, elle garde les pieds sur terre et rappelle que sa discipline entre dans la catégorie extrême.
« En général, les traceurs font vraiment attention et quand on se blesse, c’est souvent sur des choses anodines ! Mais il faut s’attendre à prendre des gros chocs ».
Là où certains préfèrent se lancer avant de trop hésiter, face à l’obstacle, elle dit être capable d’attendre longtemps, d’observer l’environnement sans gamberger.
« Certains y vont vite, moi j’ai besoin de prendre mon temps, de regarder autour de moi ». Quoi qu’il en soit, l’entraînement est une condition incontournable. Sa préparation au saut du Manpower a été intense.
« Des roulades, des roulades, des roulades ! J’en ai mangé ! Et du travail de renforcement des cuisses ».
Elle évalue sa pratique à au moins 5 h par semaine en plus du renforcement musculaire
« Il faut de l’explosivité et du dynamisme, mais aussi du mental pour ne pas avoir peur, pour ne pas lâcher ». Et même si la discipline est née dans la rue, Lola pense qu’il faut impérativement s’exercer avec une association ou un coach.
« La compétition, c'est bien cardio »
Elle-même prodigue déjà des conseils à
l’Association des traceurs bisontins, avec qui elle a commencé à pratiquer.
« J’ai débuté en 2018. Je faisais du judo, mais j’avais envie de changer. J’ai regardé des vidéos de parkour, ça avait l’air cool alors j’ai pris contact avec l’ATB. J’ai aimé dès la première séance. » Se sentir à l’aise avec la discipline n’est pas la seule explication.
« Déjà, j’ai trouvé ça assez original. Ensuite, ce qui m’a plu, c’était le défi d’évoluer en fonction de l’environnement et de réussir à faire ce que je voyais en vidéo ».
A l’ATB, elles ne sont que deux filles sur une cinquantaine de membres, ce qui est assez représentatif de la pratique. Même si les femmes sont très minoritaires dans le parkour, Lola est bien décidée à s’y faire une place. Elle veut participer aux championnats de France, voire du monde, en commençant sur des petits championnats. Début avril, elle a prévu de se rendre à Arcachon pour une étape du circuit national de parkour, en espérant se faire repérer par le Fise, passage obligé pour le haut niveau de la discipline.
« En compétition, je fais du speed run, course d’obstacle chronométrée. Ça peut durer 1’30’’ et c’est bien cardio ! » Elle dit cependant préférer la pratique libre en extérieur et pense à des prochains défis sur des spots connus à Lausanne ou Lisbonne.
Elle voit son avenir en lien avec sa passion. En terminale au lycée Ledoux, elle espère partir quelques temps en Angleterre l’année prochaine. Le pays a été le premier à reconnaître le parkour comme discipline sportive. Londres étant une ville réputée de ce milieu, s’y rendre lui permettrait de mieux s’immerger dans la culture parkour. Son objectif est de pouvoir vivre de sa passion, par des opportunités avec des marques ou plus simplement en coachant, car le développement génère le besoin d’encadrement.
« Le parkour commence à se démocratiser, beaucoup de jeunes connaissent, il commence à y avoir des clubs, il y a une fédération ».
S.P.
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