Comment analysez-vous votre début de saison ?
Je suis très satisfaite de ce début de saison. Les athlètes ne sont souvent pas contents de ce qu'ils font parce qu’on en veut toujours plus. Mais là j’ai eu mes meilleurs résultats en coupe du monde, j'ai eu les fleurs (c’est-à-dire un top 6 en coupe du monde) et une médaille en or avec le relais donc c’est top (1). Pour l’instant mon objectif reste la participation aux mondiaux d’Oberhof en Allemagne (du 8 au 19 février 2023), être régulière et faire partie des relais en équipe de France.

Retrouver ce circuit coupe du monde permet d’engranger rapidement de l’expérience ?
Ce qui aide beaucoup effectivement, c’est de pouvoir courir en coupe du monde. Ça permet en permanence de grappiller de l’expérience, surtout sur les mauvaises courses. Parce que c’est quand on se plante qu’on apprend le plus vite.

Que représente le biathlon pour vous ?
Depuis l'an dernier, je dis que c’est mon métier dans le sens où j'arrive à gagner ma vie avec cette activité. Ça fait « seulement » deux ans que j'y arrive donc, en soit, c’est une belle récompense parce que c'est le meilleur job du monde. Je suis super contente de pouvoir en vivre.

Vous êtes originaire du haut Doubs. Est-ce que vous êtes née, comme certains, avec des skis à la place des chaussures ?
Mes parents étaient et sont toujours très sportifs. Mon père faisait du ski alpin et ma mère de la gym donc j'ai un peu touché à tout. Quand j'étais petite, avec ma petite sœur, on nous a inscrites à la gym. Pour ma part ce n'était pas une grande réussite. Ensuite mes parents nous ont inscrites au club de l’Olympic Mont d’Or. Là-bas, j'ai tout de suite bien accroché. Le club mettait à disposition des carabines lasers et à air comprimé mais aussi plus tard du 22 long rifle. Donc j'ai pu essayer, ça m'a tout de suite plu et c'est parti comme ça. Mes premières séances de tir au laser, je ne m’en rappelle pas parce que je devais être très petite. Mais au 22 long rifle, oui je m’en souviens parfaitement. Une personne qui bossait pour le club m'avait prêté sa carabine pour que je puisse l'essayer. C’était mes premières séances pour m'entraîner avant que j’aie ma propre carabine.

Vous avez rapidement intégré le haut niveau. Comment ça se passait au collège et au lycée ?
J'étais au collège de Mouthe puis au lycée Xavier Marmier de Pontarlier. A chaque fois il y avait une section sportive qui libérait des après-midi pour s’entraîner. Ensuite, en terminale, j'ai été sélectionnée en équipe de France. Je suis partie en appartement à Prémanon dans le Jura, parce que le pôle France était là-bas. J'ai passé mon bac par le CNED parce que j’ai fini le lycée en faisant plus de sport que d’études.

Quelle est votre plus grande qualité en tant qu’athlète ?
Je dirais déterminée, mais le défaut, qui est en général bien lié à la détermination, c’est la tête de mule. Parfois ça empiète sur la vie de tous les jours quand on a du mal à admettre qu'on a tort. Mais le principal, c’est de s’en rendre compte.

En 2026, il y a un événement important, les Jeux olympiques. Vous y pensez déjà ?
Bien sûr ! C'est en ligne de mire, et c’est l'objectif de tous les athlètes, je pense. J’aurai 27 ans en 2026, en général c’est l’âge où on est les plus forts. C’est un objectif à long terme qui me motive énormément et j'espère bien que je serai prête.

Recueilli par Benjamin Cornuez