Un beau début. Louis Simonnet a commencé l’année en étant choisi par les Ateliers Vortex pour la 5e édition d’
In Two qui met en avant les jeunes artistes de la région. En mars, il était l’un des lauréats de Pôle Position, dispositif de
Seize Mille qui soutient la jeune création, ce qui lui a permis d’être exposé au Frac Bourgogne. Moins d’un an après être sorti de
l’Institut supérieur des beaux-arts de Besançon, le voilà « dans le grand bain » - titre de l’expo au Frac.
« Juste après ma sortie de l’école, j’ai du mal à y croire ! » sourit-il.
Il sait qu’il n’a pas choisi un domaine aisé d’accès.
« C’est difficile pour beaucoup d’entre nous, il y a peu d’opportunités, on doit souvent travailler à côté ce qui laisse moins de temps pour évoluer, produire, rechercher des lieux d'expos, répondre à des appels à candidatures ». Dès son diplôme obtenu, il s’est lancé
« à 100 % dans la constitution d’un réseau, la création d’un portfolio, les candidatures. J’y passé mon été ».
A 27 ans, le Bisontin dit
« très bien vivre le passage à la vie d’artiste professionnel ». Après ces débuts dans sa région natale, il a décidé de s’installer en Italie, à Florence, avec sa compagne.
« On verra comment ça va se passer. L’idéal est de trouver un emploi qui me laisse la possibilité de créer. J’ai des contacts avec l’Institut français ». Son parcours lui donne sans doute suffisamment d’éléments de recul pour aborder la vie professionnelle avec sérénité.
« Mon orientation s’est construite progressivement. J’ai toujours fait un peu de dessin, mais par plaisir, pas dans une optique professionnelle. Je n’ai pas vraiment eu d’éducation artistique, mais au lycée je comptais aller vers l’art, sans avoir trop d’autre idée. Mais je n’avais pas le niveau pour entrer en prépa Manaa (mise à niveau en arts appliqués)
et j’ai commencé à travailler dans un garage. Puis j’ai entendu parler de la prépa d’art Gérard Jacot à Belfort. Je suis allé voir, il restait une place ! Ça m’a plu et ça m’a permis d’entrer ensuite à l’Institut supérieur des beaux-arts de Besançon. » Il a vécu
l’Ecole d’art Gérard Jacot,
« très intense », comme un véritable déclencheur.
« J’ai commencé à me construire, à me créer une culture en lisant des livres, en étant curieux, en allant voir des expos. Sans ça, je ne me serais pas intéressé à l’Isba. » Il a tout autant apprécié l’école des beaux-arts bisontine où les étudiants sont déjà dans une optique professionnelle.
« On expérimente, on est amené à se débrouiller, à trouver nos solutions. C’est précieux pour après ».
Flânerie et recyclage
Son parcours y a été émaillé d’une année de césure – en plein Covid – et d’un Erasmus à Naples.
« La première, c’était pour prendre une pause, du recul. En revenant à l’école, je n’étais plus dans une mentalité d’étudiant, mais plus dans mes propres projets. Les profs devenaient d’abord des artistes avec qui discuter et l’école un lieu mettant à disposition des moyens, des ateliers. De toute façon, en 3e année, on n’a plus d’emploi du temps. C’est à nous de nous prendre en main. L’Isba mise à 100 % sur la pratique individuelle. »
La sienne se nourrit de recul, d’interaction avec le monde extérieur à l’art. Pendant son année de césure, il a travaillé. A Naples, il a suivi entre autres des cours de minéralogie.
« C’est totalement externe à ma pratique de la peinture ! Mais ça peut être intéressant, inspirant. J’ai besoin de voir des choses différentes, qu’on n’a pas l’habitude de voir. J’ai besoin de paysages différents, de voyager, de découvrir, d’être ouvert ». Cela explique peut-être qu’il crée beaucoup à partir de matériau de récupération.
« C’est venu petit à petit. Au début, je travaillais sur des toiles récupérées et au fur et à mesure, j’ai axé mes réflexions sur cette dimension de récupération, de recyclage ». Son mémoire de fin d’études traitait de la flânerie en milieu urbain et de la façon dont on tombe par hasard sur divers objets.
« Maintenant je les cherche dans une optique de ready-made. Me promener fait partie de mon travail de création ! » De la sorte, une bâche bleue trouvée en bord de route devient
Rêve d’été, représentation d’une mer bleue dans laquelle l’artiste a ajouté un nageur isolé.
« Les tensions qui peuvent émaner d’une œuvre me plaisent et me parlent » dit-il en évoquant ce personnage perdu dans un grand paysage, pas tout à fait en sécurité même s'il est dans une pratique de loisir, la nage. Si la peinture est son principal centre d’intérêt, il reste
« curieux et admiratif » d’autres supports comme la sculpture, la performance mais aussi les livres, les films.
« Il est primordial de rester curieux sur ce qui se fait, de voir comment d’autres artistes traitent les mêmes thématiques ». En tant que jeune artiste, il sait que la production n’est qu’une partie du travail. A côté, il faut
« se construire, parler, démarcher. Le plus important au début, c’est le réseau que l’on se constitue ».
S.P.
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