Studios du Rockhatry, dans les hauteurs de Belfort, un samedi après-midi. Parmi les différents groupes qui répètent dans la fraîcheur de ce fort, vous y croiserez forcément Lynch The Elephant. Les présentations sont simples à faire car derrière ce groupe estampillé electro-pop (dans la lignée de M83, Metronomy…) se cachent deux François. Même âge, même cursus, mêmes goûts musicaux. Les compères se connaissent depuis des lustres et jouent ensemble depuis qu’ils ont 12 ans. Comme la plupart des groupes adolescents, ils ont fait leur gamme au fond d’un garage, baignés par
«quelques classiques comme Pink Floyd, Jimmy Hendrix et Nirvana».
Collège Léonard de Vinci, puis Lycée Courbet, les Belfortains se sont suivis au fil des années et des groupes.
«Lynch The Elephant est né en 2008. Nous étions quatre au départ, mais la formation a évolué» confie François, le chanteur-guitariste, en t-shirt marinière. Il faut comprendre que l’histoire de leur formation est faite de coups du sort qui l’ont conduite naturellement à sa forme actuelle et qui semble finalement la plus adaptée. Après le départ du bassiste en 2010, puis du claviériste fin 2014, les François ont dû remplacer les hommes par des machines.
«Il a fallu se réadapter musicalement. Au début, c’était une solution de secours, mais cela fait désormais partie de notre identité musicale. On a commencé à deux, on se retrouve à deux, une fois le sentiment de vide passé, tout ça semblait évident» constate le chanteur. En plus des studios de répétition, les jeunes musiciens ont travaillé derrière leurs ordinateurs.
«Notre méthodologie a évolué, la Musique assistée par ordinateur (MAO) nous a demandé plus de travail de production et de composition en amont avant de passer aux répétitions» ajoute l’autre François, le batteur, barbu au t-shirt kaléidoscope qui rappelle l’univers visuel musical disco-house duquel ils se sont aussi imprégnés. Pour preuve, leur premier EP, sorti en 2012 se nommait "
Pop / electro / disco-house".
Après ces aléas et ce glissement vers une musique encore plus électronique, le duo dit avoir retrouvé ses marques.
«Il n’y a pas eu de changement de style, ni de codes musicaux, le temps nous a juste fait évoluer et nous avons marqué cela par l’enregistrement de deux titres».
3300 € collectés
pour un nouvel EP
Après avoir passé pas mal de temps en studio avec leur ingénieur du son, une personne de la Poudrière de Belfort leur a soufflé l’idée de ressortir un CD. Message reçu. A l’aube de leurs 25 ans, le duo s’est lancé corps et âmes dans ce projet et a surgi en mars 2015 sur la plateforme de crowdfunding «
Kiss Kiss Bank Bank» où ils ont fait appel à la générosité des internautes pour récolter 2500 euros.
«A quoi servira la collecte ? Jusque-là les frais d'enregistrement, de tournage, de communication ont été autofinancés par l'ensemble de l'équipe. Les dépenses restantes sont le mastering, le pressage (CD et vinyle), le merchandising, les impressions et frais promotionnels», expliquaient-ils dans leur présentation.
Deux après, 78 «KissBankers» leur avaient exprimé leur soutien. Les jeunes musiciens ont pu récolter plus de 3300 euros.
«On ne connaissait pas ce système de financement participatif. Notre projet a plu et cela nous pousse à continuer. Ce nouvel EP représente un certain budget car nous voulons sortir un beau produit, à la mesure du travail réalisé en amont. Il nous tient à coeur». Dans ce projet, rien n’a été occulté. Communication, graphisme, réseaux sociaux, vidéo, photo, recherche de concerts… Lynch The Elephant, c’est aussi une petite équipe dans l’ombre qui soutient le duo dans ces différents
«besoins opérationnels», «une structure qui nous convient et qui nous porte».
Certes, les deux François sont conscients des limites de l’autoproduction, mais ils ne veulent pas brûler les étapes et savent qu’il faut
«une légitimité pour développer encore plus le projet, tout le travail est là». Et autant dire que les choses se présentent pour le mieux. La sortie de leur nouvel EP, «Keep hope, take decisions» se déroulera en deux temps : le 5 septembre au café-concert l’International à Paris et à la Poudrière de Belfort le 12 septembre.
«Nous espérons vraiment réussir à faire un bon bout de chemin en 2016 dans les salles et festivals (…) Nous avons envie de dépasser les frontières régionales et d’aller plus loin, de découvrir un autre public et de confronter notre projet à d’autres avis».
«Devenir adultes»
Lynch The Elephant s’est
«retenu de jouer cette année pour travailler le live», c’est dire s’il a hâte de retrouver le public. Plus matures, les deux amis disent s’être livrés davantage dans ces nouveaux titres,
«plus viscéraux avec plus d’âme». Si leur musique restera colorée, elle sera davantage teintée de mélancolie.
«A 25 ans, on est obligé de devenir des grands, des adultes. Le monde qui s’ouvre à nous nous fait un peu peur, on doit garder le juste milieu, se laisser porter par nos rêves de gosses tout en prenant notre place dans la société».
Les musiciens francs-comtois ne noircissent pas le tableau pour autant. Garder espoir et prendre des décisions dit leur titre :
«il faut tirer parti des possibilités qui s’ouvrent à nous, à notre âge si on se donne les moyens, on peut faire ce que l’on veut». Des thématiques qui vont forcément résonner auprès de leur public. A découvrir et à méditer dans les salles de concerts cet hiver et sûrement l’été prochain en festival.
Simon Daval
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