Elles viennent de signer leur installation en tant que généralistes à la Maison de la santé de Maîche et leur première année de fac est déjà loin. Les études de médecine demeurent un parcours long. Difficile ? «La première année, c’est dur, on ne fait que ça. L’une comme l’autre sommes passées par des cours en parallèle de la fac relate Johanna. Cela s’ajoute mais ça motive et ça aide à s’organiser». L’année en question est souvent sujette à caution : concurrence, cours perturbés, coups bas entre étudiants. «On n’a pas du tout vécu ça !» rient-elles. «On a plutôt des super souvenirs des études, dit Pauline. On s’est fait des amis, on révisait en groupe. On n’a pas de fait de soirées étudiantes la première année, mais on s’est rattrapé après. Mais je pense que c’est plus difficile à vivre pour quelqu’un qui reste dans son coin».
A 30 et 28 ans elles rejoignent la Maison de la santé après y avoir été collaboratrices pendant un an. Mais dans un parcours de médecin, c’est loin d’être des débuts. Auparavant, elles ont fait des remplacements. Et pendant leur cursus, beaucoup de pratique. «Les études, ce ne sont pas des études pures précisent-elles. L’internat, ce n’est quasiment que des stages». Apprendre à devenir médecin passe par beaucoup d’exercice en conditions professionnelles. En 2e et 3e année, c’est 12 semaines minimum. Pendant l’externat (années 4, 5, 6), les étudiants sont salariés de l’hôpital et multiplient stages et gardes. Le classement en fin de 6e année donne priorité sur le choix des spécialités et du lieu d’exercice de l’internat, phase de 3 à 6 ans selon les spécialités, assortie là encore d’une présence constante en milieu professionnel.
Pauline et Johanna ont suivi leurs études à la fac de Besançon. Au cours de leur cursus, les passages à Noidans-le-Ferroux, Morteau ou Devecey leur ont permis de voir la région. «C’est surtout pour voir les différents aspects du métier que ce soit en libéral ou à l’hôpital. En stage, on passe par de nombreux services».
  Installation volontaire
  à la campagne
Aujourd’hui, l’installation en milieu rural est un choix. Un retour aussi car elles sont toutes deux originaires de Damprichard. Mais ce n’est pas ce qui les a déterminées. «Evidemment, on vient de là , on connaît le coin, ça aide. Je pense que le fait de ne pas connaître peut être un frein. Je ne serais pas allée au fin fond de la Creuse» avoue Johanna. Une partie de l’explication des déserts médicaux ? «Quand il faut aller dans des endroits où il y a peu ou pas de collègues, avec des périodes de garde fréquentes, des nuits profondes (gardes de minuit à 6 h), on réfléchit. En ville, il n’y a pas ces inconvénients. On ne se serait pas installées seules quelques part. Ici, les conditions sont excellentes».
La bonne humeur qui règne à la Maison de santé le confirme. Le bâtiment est récent, spacieux, fonctionnel. «Nous sommes 5 médecins, quand on a un doute on peut s’appuyer sur un collègue. Nous avons du matériel en commun, une secrétaire décrit Pauline. Quand on est seul, ce n’est pas possible, il faut assurer le secrétariat soi-même». Ces conditions ont favorisé le choix, mais ce dernier vient d’ailleurs : «C’est la diversité. Ici on a toutes les situations. On fait les sutures, les plâtres. On est gynéco, on suit les bébés, on les voit grandir. On connaît vraiment les gens». Elles vont suivre la formation de médecin coordinateur du Smur (service mobile d’urgence et de réanimation) pour compléter un parcours presque similaire. Seul le point de départ diffère. Il montre qu’une orientation peut se décider à tout moment. «Je voulais être médecin depuis toute petite» indique Pauline. «Moi je me suis déterminée tard, en terminale déclare Johanna. J’avais envie d’études longues et je voulais aider les gens».
Stéphane Paris
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