Chaque jeudi, Enzo a hâte de retrouver Marylou. Pourtant, c’est à l’hôpital de Besançon qu’elle le rejoint. Il vient ici pour recevoir son traitement contre une tumeur du tronc cérébral. Mais avant, après, ou même parfois pendant sa chimiothérapie, il fait du sport avec Marylou. L’enseignante en activités physiques adaptées et santé (Apas), salariée de l’association Sourire à la vie, intervient à l’hôpital de Besançon depuis janvier dernier auprès des enfants du service d’oncologie pédiatrique. Elle se rend également un jour par semaine au CHU de Dijon. Depuis son arrivée, elle a animé plus de 700 séances, à destination d’une soixantaine de jeunes patients.
Diplômée, à Besançon, d’un master en Staps et du diplôme universitaire APANC (Apa, nutrition et cancer), Marylou a complété sa formation avec l’association marseillaise Sourire à la vie, pour devenir « experte » en cancérologie pédiatrique. Les séances qu’elle délivre à Enzo et aux autres enfants ne sont pas choisies au hasard : « Je les adapte, en fonction de leurs capacités et de leurs besoins », décrit la jeune femme. Avec Enzo, elle travaille notamment sa coordination et ses réflexes : « Même s’il a l’impression de faire du foot ou du basket, il suit un parcours moteur spécifique », poursuit Marylou. Son objectif : limiter les effets de la maladie, des traitements et des hospitalisations, qui affaiblissent les capacités physiques de ses patients.
Des bienfaits également psychiques
« En leur proposant une activité en dehors des soins, je rythme aussi leur journée » constate Marylou. Bien qu’intégrée pleinement à l’équipe de soignants, la jeune femme débarque sans blouse blanche, avec des ballons ou des raquettes. « Ça change leur perception du traitement », affirme le docteur Véronique Laithier, spécialiste en hémato-oncologie pédiatrique. Enzo confirme : depuis que Marylou intervient, il rechigne moins à venir à l’hôpital. Une fois qu’il commence à jouer, il « oublie l’aiguille » qui lui injecte la chimio dans le sang. « Grâce au sport, ils se rendent compte qu’ils sont capables de faire des gestes qu’ils ne pensaient pas pouvoir faire à cause de leur traitement », observe Marylou. Selon l’état de fatigue ou émotionnel de ses jeunes patients, elle choisit une activité ou une autre : « L’autre jour, un ado avait besoin d’évacuer : on a fait de la boxe », raconte-t-elle. Pour elle, voir ces enfants « tenir et survivre malgré ce qu’ils traversent est vraiment très gratifiant ».
« Marylou a un excellent relationnel avec les enfants, souligne le docteur Laithier, et elle les rend acteurs de leur prise en charge. » Convaincue des bienfaits de l’Apa comme soin de support, l’oncologue remarque aussi à quel point l’action de Sourire à la vie aide les parents de ces jeunes malades : « De voir son gamin éclater de rire alors qu’il vient pour un traitement, ça éloigne la maladie ».
Camille Jourdan
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