mars 2023

Mathis alias le Maltek, ingénieur son et beatmaker

A la fois technicien et artiste, ce Dijonnais compose chez lui, mais pense également collectif avec le Club Yaourt ou l’assoce CHKT. « La musique, c’est du partage » dit-il.
Photo Vincent Arbelet

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Comment en es-tu venu à faire de la musique ?
J’ai commencé par pratiquer le piano pendant 6 ans, de l’école primaire au collège, et ça m’a donné des réflexes de composition qui définissent encore mon identité sonore. J’ai commencé à commencer à la fin de ma 4e. J’étais tombé sur une vidéo du youtuber Pandrezz, un beatmaker connu qui montrait les étapes à suivre pour créer sa propre instrumentale. Cette vidéo m’a tellement marqué, qu’à la fin je me suis dit : c’est ça que je veux faire. Je me suis procuré un Akai mini (un clavier/contrôleur) et j’ai commencé sur le logiciel FL Studio. Au début je me contentais des tutoriels YouTube puis je me suis inscrit au conservatoire. J’y suis depuis 5 ans et j’apprends aux côté de mon professeur de MAO (musique assisté par ordinateur) Sébastien Descamps qui m’enseigne la science de l’arrangement et du mixage sur mes propres compositions.

Comment décrirais-tu ton style musique ?
C’est avant tout axé sur le rap. J’adore le hip-hop à l’ancienne, ces productions lentes et groovy. Ces derniers temps je m’oriente un peu plus sur la trap, la trip-hop, la house et l’électro. J’aimerais beaucoup être capable de produire de la drum'n'bass de qualité. J’ai envie de m'orienter vers cette voie, je pense que l'electro est vraiment le style qui fédère le plus en live.

Quel est ton rapport à la ville de Dijon ?
Je suis basé ici, je trouve que Dijon est un terreau musical insoupçonné. C’est une ville tremplin. Je suis dans un studio, qui appartient à l'association CHKT et label CHKT Records crée en 2015 par des DJ dijonnais. Etre dans cette structure me permet de rencontrer d’autres artistes et d’être pris au sérieux dans ce milieu local. Je les ai officiellement rejoints cette année en décembre en tant que producteur et ingénieur son. J’ai à la fois la casquette de technicien et d’artiste.

Que projettes-tu de faire cette année ?
Je me vois essentiellement en tant qu’ingénieur son studio même si je veux toujours faire des instrumentales. J’ai déjà sorti 2 projets : « Bedroom volume 1 » et « Bedroom volume 2 » disponibles sur toutes les plateformes. Le concept des Bedroom c’est de mettre en lumière mes productions et de faire intervenir des rappeurs que je connais et que j’estime en collaborant avec des artistes différents à chaque fois. Le mot room est très présent dans mes projets car je ne suis qu’un solitaire dans sa chambre qui compose tout seul dans son coin, je trouve que ça insiste sur le côté fait-maison et autoproduit. Avant d’avoir un studio, on commence dans sa chambre. Je suis actuellement sur la préparation du 3e et dernier volume de cette série, qui verra le jour cette année. Après ça il sera temps d'explorer d'autres horizons...

Sur le plan financier, quelleactivité vas-tu développer pour te professionnaliser ?
A terme, je veux gagner ma vie dans le studio, en tant qu’ingénieur son. C’est la technique du son qui me passionne avant tout. Sur le long terme j’aimerais posséder mon propre studio d’enregistrement.

Tu es dans un groupe ?
Oui je suis dans Club Yaourt. On est trois : deux rappeurs et moi. Je suis Dj en live, beatmaker et ingénieur son en studio. On a d’ailleurs sorti un projet de 8 titres le 3 février intitulé Caséine. On propose un rap fun, léger, en dehors des codes. Les thèmes des paroles sont très différents de ce qui se fait aujourd’hui. Par exemple, on a un titre qui s’appelle Pas épais, ça parle, avec une dose d’humour, de la condition physique des gens très maigre ce qui est pas courant dans le rap. A Dijon, on a pu se produire aux Tanneries, à la Péniche Cancale et au Terrier. Les prochaines étapes c’est l'Univers, bar de Dijon, le 14 avril. On a des dates à Besançon et Poligny qui se projettent aussi.

Peux-tu décrire ta manière de travailler lorsque tu composes au studio ?
Je commence toujours par écrire une mélodie. La mélodie m’inspire ensuite le placement des percussions. Je fais très peu de sampling, je trouve ça moins inspirant. Avoir été un an et demi en licence de musicologie m’a aidé à développer mon oreille. Certains paysages m’inspirent beaucoup, quand je suis dans le train et que je regarde par la fenêtre ça me donne des idées d’ambiance ou de mélodie. Comme si le paysage était la cover de la musique que j’allais composer.

Quelles sont tes influences en matière de beatmaking ?
Le beatmaker toulousain Al'Tarba que j'écoute depuis tout jeune, il a un style bien à lui qui me parle vraiment, très hip-hop, énormément de groove et des bonnes lignes de basses Pour le côté plus trap et mélancolique j'essaye de m'imprégner de certains tels que OB et Twinsmatic, qui je trouve ont une identité bien à eux et un sens de la musicalité bluffant.

Quels conseils donnerais-tu à des musiciens débutants ?
Regardez un maximum de tutoriel sur YouTube. Notamment ceux de Bigbarber ou encore La Machine à mixer… Pour autant il faut pas s’imposer de limite ou de règle surtout pour le mixage car il n’y a pas de vérité générale dans ce domaine. Il faut être le plus créatif possible tout en progressant au niveau de la technique à chaque nouveau morceau. Mais au-delà de la composition et du mixage, les rencontres peuvent faire progresser. Pour moi la musique doit avant tout passer par des échanges humains, du partage. Par exemple, depuis plus d'un an,  je collabore énormément avec mon frère de cœur Luka alias Léon, c'est un as de la mélodie. Sur nos productions je m'occupe des batteries, et étant donné qu'on aime les mêmes choses, une alchimie comme on en voit peu se créée entre nous. Travailler ensemble était évident, on réfléchit à officialiser ce duo, à l'avenir un 1er EP ne serait donc pas exclu.

Recueilli par Nasser Ferchichi
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A venir
Live : le 14 avril au bar l’Univers à Dijon.

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