Le cirque Plume tire sa révérence définitive mais son influence se propage. Maud Giboudeau a vu un des spectacles de la compagnie bisontine à l’âge de 5 ans. Vingt ans plus tard, la jeune femme d’Arbois s’y réfère encore.
«Je me souviens d’un ange qui passait en l’air. Cette poésie-là m’a émerveillée. Plus tard, j’ai fait les colos puis les cours amateurs de Passe-muraille. Ce sont eux qui m’ont fait rêver».
Aujourd’hui, elle a une compagnie : le
Teatro Naranjazul (1), créé en 2014 avec Aaron Govea, un Mexicain rencontré lors de ses études à l’
Ecole de théâtre de mouvement Dimitri, à Locarno (Suisse). Cet été, ils présentent leur quatrième projet, "Bée".
«Un solo, mais un solo à 2» tant Aaron est présent : il met en scène, joue de la guitare et du charango, voire du fouet pendant le spectacle.
Maud, elle, marche sur un fil.
«Dans le cirque, c’est ce qui m’a plu tout de suite. Je voulais mener mon projet professionnel autour du funambulisme. Pas pour le côté sportif, qui ne m’intéresse pas. C’est pour ça que Passe-muraille m’a convenu. Je ne pense pas que ça aurait été pareil dans une autre école». Mais du sport, il en faut : Maud s’exerce tous les jours, parfois pendant 3 à 4 h.
«Le fil est une des disciplines du cirque les plus longues à apprendre. Et c’est ingrat, dépendant de nombreux éléments dont le stress. En public, on n’arrive plus à faire ce qu’on sait faire habituellement. Aaron joue de la musique mais c’est un soutien car le fil est une discipline solitaire et le solo un exercice théâtral difficile». Ce qui lui plaît, c’est d’abord le spectacle,
«c’est le jeu, créer des personnages, se raconter des histoires».
Gravité vs légereté
"Bée" s’inspire de Plume et du théâtre Dimitri,
«où l'on apprend le théâtre de mouvement, l’expression corporelle, le mime, la danse, l’acrobatie, la scénographie en rythme et en musique. Pour créer des spectacles où la parole n’est pas forcément nécessaire. En tout cas, la dramaturgie vient au préalable». Mais leur projet, auquel est associée Chloé Darbon, une costumière d’Arbois, est d’abord personnel. Aaron :
«Il y a une recherche, une démarche artistique autour du fil pour lui donner un sens». Maud aime
«l’univers poétique né de la fragilité de l’équilibre. Du point de vue théâtral, on se sert de ce risque de tomber. Dans le spectacle, on pose des questions enfantines ou existentielles auxquelles j’essaie de répondre par le fil. Mais ce sont des questions qui nous laissent bouche bée, auxquelles on ne peut répondre». Exemple ?
«Est-ce qu’être libre, c’est se libérer de la peur ? Sur le fil, on joue à se faire peur». Le funambulisme en tant que métaphore du doute philosophique… mais le fil est avant tout un défi à la gravité.
«On joue avec ces questions, on les prend mot à mot, à l’envers». Légereté plutôt que sérieux. Le spectacle s’adresse à tous dès 6 ans.
Ce spectacle est issue des études de Maud. Pour peaufiner ses aptitudes, elle a repris une formation à l’école
Arc en cirque à Chambéry.
«"Bée" vient d’un travail de recherche artistique que j’ai eu envie de mener jusqu’à la création d’un spectacle». Une démarche professionnelle dont les répétitions ont été menées grâce à David et Linda Courvoisier qui accueillent des artistes en résidence dans leur gîte de Cressia, où ils ont installé un chapiteau. Un retour aux sources pour Maud ?
«On est dans le lancement de la compagnie en professionnel. On est beaucoup allé au Mexique et à l’étranger, mais effectivement on essaie de revenir ici. C’est plus accessible et plus facile pour construire quelque chose».
Stéphane Paris
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