L’inspiration ne lui manque pas. Ces derniers temps, Nikola a écrit de très beaux titres tels que
Madame, Toute la vie, C’est magnifique mais aucun d’eux ne figure sur son premier album. Son envie du moment était ailleurs.
« Ces compos n’avaient pas tellement de sens dans la logique de cet album explique-t-il.
J’avais envie de parler de quelque chose qui me tient à cœur et de créer une musique qui colle avec le fond. Je réfléchis beaucoup par projet et celui-là est centré sur les racines, l’enfance, le voyage ».
Une unité de ton qui donne une grande cohésion à l’album.
MNE contient 14 nouveaux titres et un blues monténégrin en interlude. Le titre et le cœur de l’album, c’est le Monténégro.
« Ça fait 3 ou 4 ans que je l’ai en tête et un an que j’ai vraiment travaillé sur la création de la musique. Ma famille vient de là-bas, elle est venue à Sochaux, à Besançon où j’ai grandi. J’ai toujours porté ça en moi et toujours ressenti un manque. Ces dernières années, avec la maturité, l’expérience, j’ai ressenti le besoin de ce travail à faire pour comprendre d’où je viens. C’est une recherche d’origine qui est devenue une préoccupation que je n’avais pas avant. J’avais besoin de l’exprimer en musique mais aussi de le vivre. Alors j’ai fait la route de la diaspora à l’envers ».
Si l’album est un voyage imaginaire pour l’auditeur, c’est le récit d’un voyage réel pour son auteur,
d’ailleurs raconté dans un film émouvant visible sur sa chaîne Youtube.
« Je suis passé par tous les endroits que je cite dans l’album ». L’itinéraire s’égrène au fil des titres :
Zeta MNE, Au bord de la mer, Podgorica, Besac avec un détour par
Paname.
« Je voulais vraiment que ça soit géographique, avec pas mal de lieux. Et parmi eux, ça me tenait à cœur de parler de Besançon, cette ville qui est la mienne. D’ailleurs, le morceau en concert à la fin de l’album a été enregistré à Besac, au festival Détonation il y a un an et demi ».
Les paroles à teneur autobiographique, qui n’hésitent pas à dévoiler les sentiments, évoluent sur un fil entre tristesse et bonheur. Epelé en début d’album, MNE fait résonner deux syllabes antinomiques. Un entre-deux thématique et géographique auquel répond un environnement musical multiple : éléments sonores du sud et de l’est associé à de l’electro, beaucoup de piano et de guitare acoustique, des violons. Le thème du déracinement se prête à des tonalités tristes.
« Oui, mais la musique a un caractère d’exutoire. Personnellement, ça m’aide à trouver la joie. En fait, ces morceaux me procurent de la joie au moment où je les écris. En tout cas, ils m’aident ».
Trouver une voie originale n’est pas le plus facile pour un artiste. Avec cet album, Nikola affirme un style déjà posé sur les compositions précédentes.
Au bord de la mer s’inscrit dans la lignée de
Toute la vie et
C’est magnifique - et c'est magnifique. Il est basé sur une palette expressive qui passe de l’envol mélodique à des passages en retenue triste et sereine, certaines fins de phrases s’éteignant dans un murmure. Le chant évolue du slam au rap à la chanson française avec une belle maîtrise. Sur
Podgorica, il prend des inflexions orientales avant de se tourner vers Ferré.
« Je ne sépare pas trop les styles. Pour moi, ça reste de la chanson française d’aujourd’hui » dit-il avant de rappeler que Brel ou Ferré avaient déjà des passages parlés.
« J’avais envie de parler de là d’où je viens avec un respect de la chanson française que j’ai beaucoup écoutée, qui m’a construit ».
En tournée actuellement, notamment en première partie de Grand Corps Malade, accompagné du guitariste Martin Leterne, il est encore plongé dans
MNE, pour lequel il a créé un label qui lui a permis de signer avec Sony (
« C’est quand même complètement cool ! »).
« Cet album m’a amené à vivre quelque chose et je sais qu’il doit encore dérouler son fil. Pour l’instant, je ne suis pas dans un autre état d’esprit que de le jouer sur scène, même si je fais de la musique en permanence ».
S.P.
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