En quoi consiste votre travail de chasseuse de tête ?
Je rencontre des cadres, des dirigeants, des experts à haut potentiel pour différentes entreprises de l’industrie, du service, de la technologie. Je n’ai pas vraiment les méthodes des chasseurs de tête classiques. J’ai passé deux ans dans un cabinet parisien à être très précise et protocolaire, mais aujourd’hui mon objectif est d’abord de placer les belles personnes dans les beaux endroits. L’idéal est que les candidats soient épanouis dans des entreprises qui leur correspondent et qu’ils contribuent à tirer vers le haut. Pour cela, j’ai créé mon autoentreprise en septembre 2021 et depuis je me suis également associée à une homologue, Solenn Thomas avec qui je m’étais très bien entendue lorsque j’étais à Paris.
Comment intervenez-vous ?
Le rôle de chasseur de tête démarre lorsque les entreprises n’arrivent pas à recruter par les biais classiques. On va alors activer notre réseau, le bouche à oreille pour aller au-devant de personnes en poste et leur faire une offre. Comme je suis généraliste, j’associe des consultants spécialistes en fonction du poste. Quand je trouve un candidat, je le présente au consultant qui réalise un premier entretien avant de le présenter éventuellement au client. On essaie de présenter 3 à 5 candidats correspondant au profil recherché.
Vous n’utilisez pas les les réseaux sociaux ?
J’en utilise parfois, notamment Linkedin, ainsi que des cvthèques, mais ça marche beaucoup par réseau de connaissances. Pendant mes 2 années en alternance à Paris, j’ai constitué un bon réseau de chefs d’entreprises.
Il ne vous arrive pas de chercher des candidats qui sortent de formation ?
C’est rare parce que je recrute principalement des dirigeants pour des boîtes du CAC 40, donc il faut des profils très expérimentés. Mais parfois, si c’est très spécifique, je peux aller vers les annuaires d’écoles.
Au bout de quelques mois d’exercice, l’activité répond-elle à vos attentes ?
Les chasseurs de tête sont rares et méconnus sur le marché, alors on est sursollicités. Moi, au bout de 2 jours, j’étais sans arrêt contactée pour travailler pour différents consultants. Aujourd’hui, il m’est quasiment impossible de répondre à toutes les demandes. Me lancer en indépendante me permettait de répondre à certains objectifs. Par exemple sélectionner avec qui je veux travailler car je suis très sensible à l’aspect humain. D’ailleurs Solenn Thomas est dans le même esprit. Pouvoir orienter mon métier est important pour moi. Ainsi je travaille sur énormément de programmes pour féminiser les instances dirigeantes des grands groupes français. C’est quelque chose qui me tient à cœur.
Et puis j’ai l’esprit entrepreneurial, j’ai toujours voulu être à mon compte. Cela me permet d’ailleurs de travailler en restant en partie dans la Nièvre. De ces points de vue, cela répond à mes attentes. J’avais besoin de retourner dans la Nièvre, d’être autonome, de pouvoir faire du télétravail. J’ai eu aussi la chance d’être accompagnée par la BGE de la Nièvre. Quand on est bien conseillé, on a plus de chances d’obtenir des résultats.
Comment arrive-t-on à ce métier ?
J’ai un parcours très atypique. En sortant du lycée à Cosne, je n’avais pas trop d’idées alors j’ai fait l’école d’hôtellerie et de management Vatel. Mais je me suis aperçue que cette carrière serait difficile à concilier avec une vie de famille. Au cours d’un stage, j’ai eu l’occasion de découvrir le recrutement et ça m’a plu, notamment pour le contact humain. J’ai commencé à m’informer sur les ressources humaines et j’ai découvert les chasseurs de tête. Un dirigeant m’a proposé de me former en faisant un master en alternance dans son cabinet. C’était un master du programme grandes écoles à l’ISC Paris. J’ai donc appris le métier pendant 2 ans chez Alexander Hughes. Je pense que l’alternance est un vrai plus et qu’on n’en parle pas assez dans les études supérieures. Personnellement, quand j’ai été diplômée, j’étais opérationnelle et c’est pour ça que je me suis lancée à mon compte. Je me sentais prête. Parmi les chasseurs de têtes que je côtoyais à Paris, tout le monde venait d’un cursus différent. Il y avait des ingénieurs, d’autres qui avaient fait du droit. Il n’y a pas besoin d’une école spécifique.
Et des qualités spécifiques ?
Je dirais qu’il faut de la clairvoyance et de la bienveillance. Aimer le contact humain. Il faut des connaissances de base sur plusieurs secteurs. Il faut savoir s’organiser et être capable de beaucoup travailler. Et même si aucune formation spécifique n’est privilégiée, il est plutôt recommandé d’avoir un bac+5.
Quelles difficultés rencontrez-vous ?
Parfois les profils recherchés sont vraiment très rares, hyper spécialisés. J’ai eu une demande pour laquelle je pense qu’il n’y avait pas plus de 3 experts dans le monde ! Notre tâche n’est pas facilitée par les entreprises qui n’ont pas envie de voir leurs éléments se faire débaucher ! Parfois il est difficile d’obtenir ne serait-ce que les noms qui nous intéressent. Il faut savoir ruser, utiliser des subterfuges, être persévérant.
Recueilli par S.P.
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