Pour Nicolas Bodin, être sélectionné au festival international du film maritime et d'exploration de Toulon était déjà une belle satisfaction. Mais à peine rentré à Besançon, il a dû faire le trajet inverse, un coup de téléphone du président du festival l'ayant prévenu qu'il allait recevoir le prix du public ! Parmi 120 films et dans un festival qui reçoit 45000 visiteurs, ce n'est pas mal du tout. « Ce prix est pour moi le plus émouvant car le plus sincère : il vient du public et non d'un jury qui peut être influencé de toutes parts. Il m'a surtout permis d'avoir des contacts ». Après avoir vu son film à Toulon, un réalisateur l'a ainsi emmené 10 jours au Maroc pour lui servir de cadreur. Une vision de La Planète Corail aide à comprendre pourquoi. Tourné en mer Rouge, dans l'une des plus belles réserves coraliennes du monde, il présente « la vie foisonnante de ce décor de pierre », de façon poétique et didactique. On apprend que les coraux sont « une association d'individus minuscules qui vivent ensemble, les polypes », on découvre les étonnantes pérégrinations du poisson-chirurgien, du poisson-perroquet, du poisson-scorpion ou du poisson-pierre à travers des scènes aux couleurs vives, fil-mées sans combinaison ! « Je descendais et remontais sans arrêt, mais c'était le bonheur, ça me permettait d'être proche du récif, de ressentir vraiment le milieu. Et en apnée, il n'y a pas de bulles. C'est aussi plus risqué mais si je voulais de bonnes images, il le fallait ».
Plusieurs tentatives avortées
En tout, il a ramené 5 heures de bande, qui ont abouti à un film de 23 minutes grâce à l'aide très précieuse de l'atelier audiovisuel de la ville de Besançon, pour le montage. Il faut dire que La Planète Corail est la première expérience audiovisuelle de Nicolas, qui, à 23 ans, est actuellement en licence de biologie à Besançon. « J'avais cette idée en tête depuis longtemps. Mais si j'ai ramené les images en 1996, le film n'a pu voir le jour que grâce à ma rencontre avec Madjid Madouche, du relais jeunesse puis Josette Bos de l'atelier audiovisuel. Ils m'ont permis d'avoir un monteur et m'ont apporté un bon soutien moral ! ». Entre le résultat final et sa première envie de faire ce film, 6 ans se sont écoulés. « J'ai dû faire plusieurs voyages avant d'avoir de bonnes images. La première fois, en 94, j'ai noyé le caméscope ! L'année suivante je suis reparti avec une boîte étanche mais à cause du ballottement de la houle, les images n'étaient pas bonnes. J'y suis donc retourné et pour éviter cet inconvénient j'étais obligé de m'accrocher au récif ». Une telle ténacité doit cacher une réelle motivation. Mais s'il a d'autres projets dans l'audiovisuel, Nicolas n'est pas sûr de vouloir se lancer dans cette voie. Malgré cette réussite, elle reste un passe-temps au même titre que la musique (il a d'ailleurs composé celle du film) ou les voyages. Comme il le dit, « j'ai toujours voulu suivre des voies parallèles aux études. C'est pour ça que j'ai fait le film. Parce que dans la vie, il n'y pas que les diplômes ».
Stéphane Paris
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