Tout le monde ou presque vous le dira : l’esprit olympique habite encore chaque habitant de Sarajevo, la capitale bosnienne qui a accueilli les Jeux d’hiver en 1984. Les plus anciens ont vécu cette période d’euphorie, mais les plus jeunes aussi, à travers l’héritage de sa légende et de ses infrastructures, nichées là -haut, sur les montagnes.
«Beaucoup d’infrastructures et de parties de la ville, tous les complexes de sport d’hiver et les stades, que nous utilisons encore aujourd’hui ont été construits pour l’occasion. Ces sites sont, en quelque sorte, la mémoire des meilleurs moments passés», explique Loren, un jeune sarajévien. Fana de cyclisme, il fait aussi partie de la centaine de casse-cous, amateurs de sensations fortes qui dévalent les pentes du mont Trebevi?, l’une des trois "montagnes olympiques" avec les monts Igman-Bjelašnica et Jahorina.
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LĂ -haut sur la montagne
Le mont Trebevi? est le plus proche de Sarajevo. Il ne faut qu’une dizaine de minutes en voiture pour l’atteindre. Là -haut, il sont une centaine à "rider" dans la forêt, équipés de casques, gants, lunettes et tout leur attirail de protection. VTT de montagne, motocross, chacun à sa manière, ils dévalent les pistes de la forêt en évitant les nombreux obstacles sur leurs parcours : tremplins, bosses, racines. Leurs vélos sont à la pointe, exclusivement conçus pour la descente de montagne 3e et coûtent donc relativement chers pour le niveau de vie en Bosnie-Herzégovine… l'un des plus pauvres pays d’Europe. Mais la passion n’a pas de prix. Grâce à leurs boulots respectifs, ils économisent pour les acheter.
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Des jeux Ă la guerre
Quand on tape "
VTT freeride Trebevi?" sur Youtube, on peut voir des centaines de vidéos réalisés par ces têtes brûlées, fanas d’adrénaline. Certaines sont réalisées en caméra embarquée depuis l’ancienne piste de bobsleigh et de luge olympique. C’est l’un des vestiges les plus célèbres des Jeux. On la découvre fortement endommagée, marquée par de multiples impacts de balles et couverte de graffitis. Car si le site de Trebevi? renvoie à la gloire passée, il a aussi été le théâtre du siège de Sarajevo (1) de 1992 à 1996. Détruites ou utilisées pour servir de casernes pendant le conflit, la plupart des installations ont terriblement souffert et sont restées à l’abandon jusque récemment. Il y a aussi les mines encore éparpillées et signalées par des panneaux très explicites : une tête de mort blanche sur fond rouge… De quoi en effrayer plus d’un et pourtant, ils n’ont jamais été aussi nombreux sur les pentes de Trebevi?.
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Vers le progrès
  et l’avenir
Alors inconscients ? Irrespectueux ? C’est plutôt une manière de rendre hommage si l’on en croit les riders, bien au fait de l’histoire de leur ville et des infrastructures olympiques.
«Ces sites sont, en quelque sorte, la mémoire des meilleurs moments passés. Plus qu’un symbole, ils possèdent, pour les Sarajéviens, une valeur spirituelle», martèle Loren. Il laisse les vieux conflits aux politiciens, même si les haines véhiculées de génération en génération ont la vie dure… Edin, un autre rider en est certain :
«j’avais 12 ans quand la guerre est arrivée et je m’en rappelle très bien. Ce fut une période difficile pour moi et ma famille, mais je pense que c'est encore plus difficile maintenant, parce que plus de vingt ans après la guerre, le pays s'en remet très lentement et ne parvient pas à rattraper le niveau des pays développés d’Europe», constate-t-il.
«Les gens devraient abandonner le nationalisme et se tourner vers le travail, le développement, le progrès et l'avenir, au lieu de parler de guerre encore pendant mille ans…».
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Un parcours,
  une course, des riders
Il y a quelques mois, lui et ses potes ont créé une équipe de VTT de descente (Downhill bike) et une association pour construire un parcours de descente de montagne et faire vivre le patrimoine du Mont Trebevi? : Savage crew. Les autorités locales, impliquée par ailleurs dans une dynamique de restauration des anciennes installations olympiques leur ont d’ailleurs laissé carte blanche pour la gestion des infrastructures du mont Trebevi?. De là est née la course Treb’hill en 2015, un événement dont la prochaine édition d’août 2016 est inscrite au calendrier de l'Union cycliste internationale.
«On espère qu'il y aura un véritable impact chez les plus jeunes et qu'ils deviendront plus investis dans ce type de sport», ajoute Edin. Une façon aussi d'inscrire le sport extrême dans l'héritage de l'esprit olympique ?
«On peut dire ça même si, à ce jour, le VTT de descente n’est pas encore un sport olympique ! Si à l’avenir le gouvernement investit dans des installations sportives et dans d'autres infrastructures sur Trebevi?, notre sentier va gagner en importance. Peut-être que nous verrons un véritable et incontournable parc pour les riders ici». L’avenir le dira, en attendant, la devise olympique "Plus vite, plus haut, plus fort" semble coller aux roues de ces riders de l’extrême !
Pauline Moiret-Brasier
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