En juin dernier, Sobeikh s’est produit en concert symphonique pour la fête de la musique à Mâcon. Un concert initié par le conservatoire et son orchestre symphonique dirigé par David Hurpeau, mais symbolique de la démarche de l’artiste, ouvert à tous les styles. Association risquée et résultat très réussi
comme on peut s’en rendre compte sur la captation sur youtube.
S’il oeuvre dans l’electro, le musicien mâconnais utilise toutes les ressources d’un background musical déjà conséquent.
« Mon père écoute beaucoup de musique et j’ai pu toucher des instruments assez tôt. J’ai commencé par faire des percussions au conservatoire, puis je suis allé en école de batterie, notamment avec Arthur Boisseau, un prof qui m’a beaucoup aidé. J’étais souvent à la Cave à musique dans les locaux de répétition et j’étais batteur du groupe Mauve Célestine ». Il dit s’être mis à l’electro quand il était au lycée La Prat’s, à Cluny.
« A l’internat, j’ai commencé à travailler sur des boucles pendant mes loisirs. Je me suis mis plus sérieusement à ce projet quand le groupe a splitté ».
Aujourd’hui âgé de 24 ans, Antonin Branger a décidé de se lancer à plein temps dans son projet musical, arrêtant ses études de cinéma (il a fait un master en théorie et esthétique et a beaucoup travaillé sur les effets visuels numériques) pour l’intermittence.
« J’ai voulu commencer une thèse et en parallèle donner quelques concerts. Mais comme j’en ai fait une vingtaine l’an dernier, je me suis dit qu’il y avait un élan à saisir et je me suis mis à fond dans la musique ». Son nom d'artiste est inspiré du dieu crocodile Sobek de la mythologie égyptienne. Le cinéma n’est pas pour autant oublié. Il dit regarder des films tous les jours.
« Ça m’inspire dans la mesure où j’aime bien voir dans mes morceaux des univers, des ambiances, des images. Et de manière plus concrète, j’ai envie de me remettre à faire des clips ».
A l’actif de Sobeikh,
Singularités, EP de 5 pièces narratives paru en 2021, les singles
Collapse et
Uchron en 2023,
Polysphere, publié au mois de juin. Avec ces premières compositions, il montre qu’il sait varier les ambiances : sereine sur
Plaines, inquiétante et sombre sur
Collapse et
Uchron, entraînante sur
Planète interdite, avec une thématique générale orientée espace et science-fiction. Pour ses derniers lives, il évoque du
« mĂ©lodique progressif aux notes de deep house et d’ambient ».Â
Promotion de la culture electro avec U'know event
« J’ai commencé à écouter de la musique electro tôt avec des artistes comme Massive Attack, Portishead, New Order, Fatboy Slim, de la dub aussi. Puis il y a eu les free parties et la techno au lycée. J’ai commencé comme ça, avec des influences un peu vintage et j’ai mis du temps à trouver ma patte. Maintenant, mes influences sont plus du côté de la bass music. J’ai envie de garder un côté minimaliste avec un peu plus de groove et des éléments un peu plus agressifs. Quand j’écoute les bandes son de films, comme celle de Dune dernièrement, ce sont beaucoup les contrastes, les moments où l’on passe du calme à l’explosion qui m’inspirent ».
L’été dernier, il s’est plutôt orienté techno pour jouer en free party. Mais il est aussi passé au festival Image sonore à Bussy-le-Grand et à Novosonic, à Dijon, après Romane Santarelli -
« avec un peu de pression vu le nom ! ». Il trouve qu’il y a une belle scène dans une région à laquelle il se dit attaché, avec beaucoup d’artistes intéressants.
« J’essaie de suivre, d’épier ce qui se fait ». Et il garde les oreilles ouvertes sur beaucoup de styles. En ce moment ?
« Beaucoup de dubstep et de drum’n’bass. J’aime bien le dernier Floating Points. Mais j’écoute encore beaucoup de rock comme Fontaines DC ou ceux de la scène lyonnaise comme Darwells, Bandit Bandit, Johnny Carwash. »
Outre son projet perso, il fait partie de U’Know Event, association mâconnaise d'organisation d'événements autour de la culture et de la musique électronique. C’est par cet intermédiaire qu’a été monté le projet electro symphonique du mois de juin.
« En 6 mois, on a monté ce projet avec un orchestre à cordes qu’on a joué devant 1000 personnes. C’est une super expérience avec des gens de tous horizons. On aimerait pouvoir le jouer ailleurs dans la région ». En attendant, il travaille sur les maquettes d’un EP symphonique avec ses morceaux pour orchestre.
«J’aimerais le proposer à un label et le sortir de manière professionnelle ».
Il fourmille de projets et regrette de passer beaucoup de temps sur l’administratif, les coups de fil, les mails pour trouver des dates au lieu de se consacrer au développement.
« Je suis en complète autonomie. Mais il y a eu un élan, et là je pense arriver à un tournant à bien négocier, alors peut-être qu’il me faudrait un booker. En tout cas, j’ai besoin de composer à nouveau. Je vais m’y remettre car j’ai des résidences qui arrivent. »
S.P.
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