Pour Stéphane Thomas, le métier de costumier de théâtre, c'est d'abord des rencontres humaines. Des échanges. Ainsi parle-t-il de son travail le plus récent, Ida désoeuvrée, spectacle de la compagnie du Hors-là appréciée au CDN de Besançon le mois dernier, jouée au Thèv' de Vesoul le 22 janvier. « Patrick de Bergen fait partie des belles rencontres que j'ai faites. J'avais déjà vu certains de ses spectacles et j'ai senti ce qu'il voulait faire, que ce qui lui plaisait dans le texte c'était une ambiance pour laquelle chaque élément, la comédienne, le décor, la lumière, la musique, le costume avaient la même importance ».
Après «Ida», il a commencé à travailler sur le prochain spectacle de Mohammed Guellati, Saleté, puis se joindra aux Manches à balais, compagnie de théâtre de marionnettes. Trois univers très différents. « J' aime beaucoup changer. Travailler pour une seule troupe, c'est risquer la routine et la complaisance. Rencontre des gens qui n'ont pas les mêmes vues, les mêmes méthodes, permet de s'enrichir ». A 28 ans, il a déjà une quarantaine de spectacles à son actif. Sa vocation fut précoce. Fils de militaire, n'ayant donc jamais vécu. au même endroit, « mais plus ou moins originaire de Lorraine », il fait remonter son coup de coeur pour les costumes à la 5e, à travers une brochure de l'Onisep. « Puis j'ai fait un BEP vêtements, mesures et création à Colmar dans l'idée d'aller vers la mode. Mais un costumier de théâtre m'a fait découvert ce milieu. Par la suite, en seconde A3 dessin à Nancy, je côtoyais des A3 théâtre et j'ai continué à m'y intéresser ».
A 19 ans, embauché dans un petit théâtre nancéien, il découvre vraiment le métier. Venu par hasard à Besançon, il travaille avec les élèves du DUMST théâtre, croise des compagnies, rencontre beaucoup de gens de théâtre de la région et acquiert le statut d'intermittent du spectacle. « J'ai sauté le pas suite à deux rencontres : celle de la compagnie Gravitation; et, sans qu'il le sache, François Tomsu, car il m'a donné deux «plans» qu'il ne pouvait pas faire ».
«On doit voir le costume, pas le regarder»
Derrière ce parcours et ce statut, beaucoup de travail. « Ceux qui ont l'image de l'intermittent du spectacle avec champagne, petits fours et fête tous les soirs sont loin de la réalité. La réalité, c'est que les pre-mières années, j'ai bossé 12 mois non stop pour faire mon statut. J'ai des semaines de 7 jours sur 7. On ne se réveille pas un matin avec un carnet d'intermittent et plein de contacts ». Mais le travail en soi ne lui paraît pas difficile. Formé sur le tas, ayant énormément appris en faisant de l'assistanat costumes, il avance plutôt de façon intuitive. « Mais dans le théâtre, on ne fait pas de la création à 100 % comme ceux qui sont dans la mode. On part d'un cadre, d'un texte, de comédiens, de beaucoup de choses sur lesquelles on se repose. Je suis très à l'écoute du metteur en scène, de ses partis pris, de la scénographie, des lumières. Mais lorsque je commence à dessiner les costumes, je travaille sur ce que je ressens sans savoir pourquoi, à un moment, je vais mettre du jaune ou du bleu. Cela vient de l'imaginaire, de sources d'inspiration conscientes ou non, de modes, de tendances. Et c'est naturel, je n'ai pas l'impression de faire quelque chose de dur ». Pour lui, le costume est réussi surtout si l'on n'en parle pas. « On doit le voir mais pas le regarder » dit-il en citant Roland Barthes.
Stéphane Paris
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