Le coureur multicartes a effectué ses premiers tours de roue dans le grand monde lors du Tour du Limousin 2017, à 23 ans. Sans affolement, à l’image du jeune homme qu’il est, humble et structuré. «Après ma bonne saison 2017, j’ai disputé trois tours comme stagiaire sous les couleurs de la FDJ : Limousin, Poitou-Charentes et Doubs». Avec des impératifs, comme toujours en pareils cas : 1.se fondre illico dans le groupe ; 2.bosser pour l’équipe .3.se montrer si une opportunité se présente. Missions accomplies, le téléphone a sonné trois jours après et, au bout du fil, une info qui claque. «Bonjour Romain. Rendez-vous à Paris après-demain pour signer un contrat professionnel de deux ans.»
Une tuile en décembre (fracture du poignet à l’entraînement), deux stages d’hiver le long de la Costa Blanca, en Espagne, et un premier dossard accroché lors du Tour La Provence achevé à une méritoire 15e place ont lancé la saison du néo-pro. La carrière démarre, le rêve est en marche. «Je n’ai pas vraiment d’idole dans le vélo, mais j’admire un gars comme Tom Boonen. Sa personnalité, son palmarès… Si je pouvais aussi un jour gagner une étape de grand Tour ou une grande classique…»
Le programme top niveau du printemps, marqué par le mythique triptyque Amstel Gold Race - Flèche Wallonne - Liège Bastogne Liège, a de quoi donner la chair de poule à tout néophyte, mais Romain, qui sait qu’il ne s’engagera pas sur toutes les courses, ne se démonte pas et reste serein.
Equipier, mais pas seulement
Dans le peloton amateur, Romain Seigle n’a pas forcément beaucoup gagné (une victoire d’étape lors de la SportBreizh), mais a su se montrer extrêmement régulier, quasiment toujours présent dans le final des courses. Pourtant, ses débuts sur la route, après un passé de touche-à-tout, datent d’il y a deux ans seulement. «J’ai commencé le vélo à 12 ans, à Vienne (Isère), comme mon père, ancien coureur amateur. J’avais bien tenté le karaté et le rugby mais avec mon physique de crevette, un peu compliqué…» Il demeure un poids plume, avec ses 63 kg pour 1,70 m, quand il s’engage avec l’AC Besançon avant d’opter pour le CC Etupes. «Physique, science de la course, j’ai tout appris pendant mes deux saisons là-bas».
Le vélo est un sport plus complexe qu’il n’y paraît. Protéger son leader, le maintenir à l’abri du vent, le remonter en tête du "paquet", descendre chercher des bidons à la voiture, préparer l’emballage final. L’Isérois veut maîtriser le boulot d’équipier. «2018 est une année de découverte et d’apprentissage. Je ne me mets pas la pression. On verra bien…».
Il sait aussi qu’il bénéficiera sans doute de quelques opportunités pour jouer sa propre carte, puisqu’il émarge dans la catégorie "puncheur". En attendant, Romain profite d’une indépendance relativement nouvelle dans son appartement de la banlieue bisontine, après 6 ans passés au pôle France VTT. Et savoure sa nouvelle condition de pro, aux côtés et surtout au service des stars locales Arthur Vichot et Thibaut Pinot («un gars sérieux qui ne se prend pas au sérieux et qui peut gagner un jour un Tour»). En espérant les rejoindre dans les palmarès.
Christophe Bidal
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