Impossible de louper le
Cornemuse quand on traverse le village d’Arleuf, dans la Nièvre. Avec sa devanture colorée, sur laquelle sont peints des danseurs et des musiciens bariolés, la bâtisse détonne. À l’intérieur, un restaurant et une salle de concert pouvant accueillir jusqu’à 300 personnes. Situé entre Dijon et Nevers, le lieu est connu dans la région.
A sa tête, Sylvain Vereycken--Lazou, interne en 9e année de médecine générale. Il gère le lieu avec deux amis, rencontrés à la cinémathèque de Bourgogne à Dijon, lieu faisant office de musée du cinéma et de bibliothèque. A l’époque, Sylvain s’y est engagé bénévolement en parallèle de son cursus à la fac. Il y a fait la connaissance de Nicolas Petiot, fondateur du lieu, et Marie Hajduk, qui le dirigeait, avec qui il a sympathisé.
Un jour, Nicolas apprend que le Cornemuse, établissement que ce Neversois d’origine connaît bien, souhaite monter un ciné-club. Le trio donne un coup de main aux gérants. Ces derniers leur glissent qu’ils comptent partir à la retraite et cherchent des repreneurs.
« Il nous a fallu un an et demi pour nous décider à reprendre l’affaire et à changer de vie », raconte Sylvain. Les trois amis abandonnent la capitale bourguignonne et deviennent propriétaires du lieu début 2020.
Un emploi du temps chargé
Depuis, Nicolas et Marine s’y consacrent à temps complet. Sylvain, lui, y exerce en parallèle de son internat de médecine.
« J’essaye de trouver des stages à proximité pour revenir autant que faire se peut », explique celui qui s’occupe surtout des tâches administratives.
Et ce n’est pas tout. Ce fils d’instituteurs est aussi, depuis 2019, associé dans un garage mécanique près de Dijon. Il s’est lié d’amitié avec le gérant, à qui il avait fait appel pour retaper sa mobylette des années 1960.
« En 2018, il m’a dit qu’il allait devoir fermer le garage car il croulait sous les charges », rembobine Sylvain. Le jeune homme est convaincu que les services proposés par le mécanicien, qui convertit de vieux deux-roues à l’électrique, ont de l’avenir.
« Je trouvais ça dommage qu’il cesse son activité à cause de la paperasse alors qu’il avait des doigts d’or. J’ai voulu lui donner un coup de main sur ce plan pour redresser la barre. » Depuis, il se charge de la gestion des ressources humaines, des relations avec l’expert comptable…
Exercer dans différentes communes du Morvan
Sylvain terminera son internat en novembre 2023, après avoir redoublé trois fois. Aurait-il fini son cursus plus rapidement s’il s’était consacré seulement à la médecine ?
« Je n’y serais pas arrivé car je n’aurais pas supporté de ne faire que ça », développe celui pour qui toutes ces activités sont une bouffée d’oxygène.
Il en est convaincu :
« Un bon médecin ne peut pas se contenter de passer tout son temps dans son cabinet. » Et d’expliquer que beaucoup de locaux lui parlent de leurs tracas et soucis de santé au Cornemuse, avant une première consultation.
« Être actif dans ce lieu me permet de montrer que je suis accessible et de nouer un lien de confiance. »
Au Cornemuse comme au garage, il a aussi gagné de précieuses connaissances.
« L’administratif, la compta, la gestion de salariés… On n’apprend pas cela pendant les études de médecine, et pourtant, on en a besoin quand on a son cabinet ! »
Comment imagine-t-il la suite ? Après une adolescence dans un village près de Sens et la fac à Dijon, il se projette dans le Morvan, dont il apprécie
« le calme, la tranquillité, les paysages vallonnés ». Lui qui a
« horreur de la routine » se voit continuer à gérer le Cornemuse et le garage. Et la journée, donner des consultations dans plusieurs communes morvandelles.
« Je me sens plus utile dans un désert médical que dans une zone qui ne manquerait pas de médecins. »
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